Pour stopper la « grande réinitialisation », coupons les banques en deux

Le rédacteur économique d’EIR Paul Gallagher trace un parallèle instructif entre les stratégies mises en place par Hjalmar Schacht, le ministre des Finances d’Hitler, et le projet actuel des banques centrales baptisé la « grande réinitialisation ». Lors de la réunion annuelle des grands chefs de banque centrale en août 2019 à Jackson Hole, dans le Wyoming, ce projet était à l’ordre du jour, en tant que moyen de provoquer un « changement de régime » dans les affaires financières. L’an cien chef de la Banque d’Angleterre Mark Carney (devenu le tsar de la « décarbonisation » à l’ONU) et Philipp Hildebrand, ancien chef de la banque centrale suisse et actuel vice-président de BlackRock, entre autres, ont discuté de la manière dont les banques centrales pourraient s’arroger les pouvoirs fiscaux des gouvernements et gérer l’orientation des flux monétaires vers l’économie, tandis qu’une monnaie synthétique mondiale serait créée pour remplacer le dollar.

Un premier pas dans ce sens a été fait en septembre, lorsque la Réserve fédérale a, de facto, pris en charge les prêts interbancaires. Depuis, c’est elle qui assure le refinancement des banques au jour le jour à la place du « marché » traditionnel. Les conditions pour ce type de « changement de régime » avaient été créées par l’assouplissement quantitatif à grande échelle mené par la Fed et la BCE, entraînant une croissance hypertrophique des plus grandes banques – tandis que le crédit destiné à l’économie marquait le pas. Les politiques de « Prochaine génération UE » et du « Green New Deal » de Joe Biden s’insèrent dans le même cadre.

Comme l’expliqua Paul Gallagher le 26 juin à la conférence de l’Institut Schiller (voir notre rapport ci-dessous), cette mainmise de la banque centrale trouve un précédent dans la politique de Hjalmar Schacht, d’abord à la tête de la banque centrale allemande à partir de 1923, puis en tant que ministre de l’Économie d’Hitler une décennie plus tard. Au cours de la première phase, Schacht mit fin au régime d’hyperinflation en rendant l’argent très rare et en imposant une austérité économique brutale. Dans la deuxième phase, il fit exactement le contraire afin de financer la machine de guerre d’Hitler, transférant effectivement à la banque centrale le contrôle des dépenses du gouvernement.

Selon Gallagher, il s’agissait d’un « changement de régime visant à opérer un chamboulement de l’activité économique à tous les niveaux. En seulement deux ans (1933-35), sur ordre de Schacht, les dépenses pour la production d’armes passèrent de 2 % du PIB allemand à 20 %, tandis que d’autres secteurs –textile et habillement, outillage agricole, construction de logements – se trouvaient étranglés. C’est dans le cadre de ce changement qu’on assista à la mise en place du système de camps de travail, qui allait progressivement évoluer vers l’horreur du XXe siècle. »

À l’instar de Hjalmar Schacht, les banques centrales utilisent aujourd’hui leur pouvoir de création monétaire et de régulation pour opérer la dérive vers une bulle de « finance verte » de 30 à 40 000 milliards de dollars, censée garantir la survie du système bancaire. Voilà le but de la « grande réinitialisation ».

Il faut l’arrêter immédiatement, a martelé Gallagher. Pour cela, on doit démanteler les grandes banques au niveau international en séparant les activités spéculatives de celles qui sont utiles pour l’économie réelle (critères de la loi Glass-Steagall), et nationaliser les banques centrales et créer des institutions nationales à même d’émettre du crédit destiné à promouvoir la productivité et l’emploi productif.

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