Pour l’empire britannique, il n’y aura pas de négociations 

Parallèlement aux différents efforts diplomatiques visant à résoudre le conflit en Ukraine, le parti de la guerre occidental, Britanniques en tête, ainsi que l’entourage du président Zelensky travaillent à les torpiller. Pour commencer par la première catégorie, le président brésilien Lula da Silva s’y investit activement depuis le sommet du G7 à Hiroshima, auquel il était invité en tant que prochain président du G20 (voir AS 21/23). En marge des réunions, il a rencontré le Premier ministre indien Narendra Modi et, peu après son retour, s’est entretenu par téléphone avec le président chinois Xi le 24 mai, puis, deux jours plus tard, avec le président russe Poutine, au sujet d’une solution pacifique pour l’Ukraine, ainsi que des perspectives des BRICS, dont les quatre pays sont membres.

En même temps, l’envoyé spécial de Beijing, Li Hui, était en Europe pour sonder les différents responsables sur la proposition de paix chinoise (voir AS 21/23). Son périple l’a conduit à Kiev, Varsovie, Paris, Berlin, Bruxelles, puis Moscou. Le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a refusé de le recevoir, en confiant la tâche à son adjoint aux Affaires politiques, Enrique Mora, qui a insisté sur « l’entière responsabilité de la Russie dans l’agression non provoquée et injustifiée contre l’Ukraine ».

Quant au gouvernement ukrainien, le 26 mai, le conseiller du chef du Bureau présidentiel ukrainien, Mykhailo Podolyak, a attaqué en bloc toutes les initiatives de paix, rejetant explicitement celles de la Chine, du Brésil, des six nations africaines et du Vatican. Déplorant le fait que « tout le monde parle de paix », il a accusé les partisans d’un compromis de « servir de lobby à la Russie ». Il a qualifié la proposition de la Chine d’« absurdité » et de « plan de capitulation ». Seules deux choses sont acceptables, a-t-il déclaré, « des livraisons rapides d’armes » et « une adhésion élémentaire à l’OTAN…. Tout le reste n’est que paroles à propos de choses abstraites. »

Les véritables décisionnaires, toutefois, ne sont pas à Kiev, mais à Londres et à Washington, et pour eux, il n’est pas question de soutenir des propositions de paix à ce stade. Deux représentants autoproclamés de l’élite britannique, qui, bien que n’exerçant plus aucune fonction officielle, restent néanmoins actifs, l’ont clairement fait comprendre. L’ancien Premier ministre Boris Johnson était à Dallas, au Texas, la semaine dernière, pour exhorter les politiciens et autres personnalités influentes du Parti républicain à ne pas laisser tomber l’Ukraine, malgré l’opposition croissante au financement de la guerre au sein de leur parti. Il y a été présenté comme « l’architecte de la politique occidentale » à l’égard de l’Ukraine.

L’autre est Sir Richard Dearlove, l’ancien chef des services secrets britanniques MI6 (1999-2004), qui n’a jamais renoncé à vouloir restaurer l’Empire britannique. Dans un discours prononcé la semaine dernière lors d’une conférence du projet Conservatisme national, il a déclaré sans détours que la Grande-Bretagne avait besoin de la guerre, froide ou chaude, pour maintenir son identité (« Privés de la menace essentielle pour notre mode de vie qui était une caractéristique constante de la Guerre froide, nous avons perdu notre cohésion et notre motivation, et surtout notre confiance en nous. ») De là, il a dénoncé les propositions de la Chine en faveur d’un règlement en Ukraine, tout en appelant à un « changement révolutionnaire » en Russie…

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