Pas de missiles Taurus pour l’Ukraine : le chancelier allemand reste ferme, pour l’instant…

La session de réflexion réunissant de hauts gradés de l’Armée de l’air allemande, y compris son inspecteur en chef, sur les possibilités de déployer des missiles Taurus contre des cibles russes comme le pont sur la mer d’Azov (voir ci-dessus), ne reflète pas la position du gouvernement allemand – à en croire les déclarations officielles. Le chancelier Olaf Scholz et le ministre de la Défense Boris Pistorius ont tous deux déclaré que le Taurus ne serait pas livré à l’Ukraine et qu’aucun expert allemand n’y serait déployé pour faire fonctionner le système. Toutefois, des discussions comme celle-ci, qui a été divulguée par les Russes, reflètent la réticence des utopistes militaires occidentaux à admettre que l’Ukraine a perdu la guerre et qu’il est grand temps de s’orienter vers des initiatives de cessez-le-feu, en prélude à un accord de paix.

Délibérer sur la poursuite des hostilités coûte que coûte ne peut que mener droit à un nouveau cycle d’escalade, rapprochant le monde d’un conflit militaire direct entre l’OTAN et la Russie, avec recours éventuel à l’arme nucléaire. Refuser de reconnaître ce danger, ainsi que le fait remarquer le général allemand Harald Kujat (cr) en commentant cette session, a aussi des conséquences pénales, dans la mesure où la Constitution allemande interdit explicitement toute préparation d’une guerre d’agression.

La seule alternative raisonnable à un conflit direct entre l’OTAN et la Russie serait l’acceptation par l’Europe et les Etats-Unis de l’offre de dialogue faite par Vladimir Poutine, lors de sa récente interview avec Tucker Carlson (voir AS 7/24). Le président russe croit savoir que l’Occident aimerait mettre fin à cette guerre mais ne sait pas comment s’y prendre.

Dans ce contexte, RT a publié le 28 février une analyse intéressante de Michael von der Schulenburg, ancien envoyé allemand pour des missions de paix de l’ONU. Pour lui, si l’Ukraine en vient à la conclusion que la guerre avec la Russie est perdue, elle pourrait reprendre les négociations avec Moscou, sans attendre le feu vert de l’Occident. La voie pour sortir du conflit pourrait impliquer une neutralité militaire pour l’Ukraine, sans adhésion à l’OTAN, et le contrôle russe sur certaines parties de l’Ukraine orientale et sur la Crimée, avec un accès russe à la mer Noire. Cette solution, au détriment des intérêts géopolitiques occidentaux contre la Russie, serait également bien accueillie par les pays du Sud, affirme von der Schulenburg.

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