« Œil pour œil rendra le monde entier aveugle »

La guerre déclenchée entre Israël et les Palestiniens risque de devenir un cauchemar incontrôlable, impliquant l’ensemble du monde arabe, l’Iran et bien au-delà. La priorité est donc d’arrêter le bain de sang, de neutraliser les fous des deux côtés et de protéger la population civile de Gaza, menacée d’un véritable nettoyage ethnique.

Hélas, la plupart des médias et des dirigeants occidentaux ne proposent comme solution que guerre et vengeance, obligeant les gens à choisir entre deux camps et rien d’autre. Les soi-disant « grandes démocraties » s’alignent là-dessus, contrairement à l’Union africaine, aux nations arabes, à la Chine, à la Russie et à d’autres, qui ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et à des efforts internationaux pour parvenir à la solution de deux États. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est précipité en Israël pour proclamer que « nous soutiendrons Israël » quoi qu’il arrive, tandis que le chancelier Scholz a décrété « raison d’État » la sécurité d’Israël, avant de se rendre lui-même dans l’Etat hébreu, suivant en cela la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Les manifestations pro-palestiniennes ont été interdites en Allemagne et en France et sévèrement limitées au Royaume-Uni, tandis que le département d’État américain a sommé un groupe de diplomates américains de ne pas utiliser les expressions « rétablir le calme », « fin de la violence » ou « cessez-le-feu/désescalade », en parlant de la situation à Gaza.

Or, pour bien comprendre ce qu’il se passe, il faut adopter un point de vue totalement différent. Comme Lyndon LaRouche l’avait déjà expliqué en 2009, lors d’une présentation à l’Université centrale du Connecticut, il est trompeur de parler d’un conflit au Moyen-Orient, « il faut parler du Moyen-Orient comme d’un conflit – un conflit en grande partie mondial ». Depuis que les Britanniques y ont établi leur mainmise, cette région sert de pion dans le « grand jeu » impérial et géopolitique. Et c’est toujours le cas aujourd’hui.

En témoigne le fait que la flambée de violence s’est déclenchée au moment où la guerre par procuration contre la Russie, menée par l’OTAN en Ukraine, s’enlisait et que le soutien à cette opération diminuait rapidement aux États-Unis comme en Europe. Le centre de gravité du « grand jeu » s’est donc déplacé vers l’Asie du Sud-Ouest. Cela s’explique en partie par les profits considérables qu’en tire le « complexe militaro-industriel », avec son cortège de cartels. Mais plus important encore, la guerre sert à réorienter la politique, et l’objectif aujourd’hui est d’éviter toute rupture avec l’« ordre unipolaire ». En font partie les tentatives de torpiller les efforts des BRICS et des pays du Sud pour établir un nouveau paradigme des relations internationales, ainsi que le propose l’Institut Schiller.

Pour revenir à la situation en Israël et à Gaza, cette région est depuis 75 ans le théâtre de conflits et de troubles. Mais le cycle de la vengeance n’a pas apporté la paix. Priver aujourd’hui la population de Gaza de nourriture, de médicaments et de carburant ne permettra pas aux Israéliens de vivre en paix, bien au contraire. Cela ne pourra se faire qu’en instaurant une nouvelle architecture de sécurité et de développement (cf. l’article suivant).

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