Londres pousse à une guerre sans fin

FLASH: Il vient d’être annoncé que le président Zelensky serait à Washington ce mercredi 21 décembre. Il reste à voir quel effet aura cette visite sur l’évolution de la guerre en Ukraine.

L’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger, qui a vécu plus d’une crise gravissime au cours de ses 99 ans d’existence, redoute aujourd’hui de voir le conflit en Ukraine échapper rapidement à tout contrôle. D’où son appel à un armistice dans un article intitulé « Comment éviter une nouvelle guerre mondiale », paru dans le Spectator du 17 décembre. Il y décrit le conflit en cours comme « une guerre dans laquelle deux puissances nucléaires se disputent un pays doté d’armes conventionnelles », reconnaissant ainsi, implicitement, qu’il s’agit d’un conflit entre l’OTAN et la Russie, même si les conditions qu’il propose pour y mettre fin sont en l’état inacceptables pour le Kremlin.

Une autre intervention utile est celle de l’ancien ambassadeur américain en Union soviétique (1987-1991), Jack Matlock. Lors d’une discussion le 17 décembre avec Alexander Mercouris de The Duran, il a souligné que la fin de la Guerre froide n’était pas une victoire de l’Occident, mais qu’elle avait été négociée par Washington et Moscou de manière à être équitablement bénéfique pour les deux parties. Concernant le conflit actuel, il est convaincu qu’« il aurait presque certainement pu être évité, sans la menace d’expansion de l’OTAN et l’implication militaire des pays de l’Alliance en Ukraine après ce qu’on pourrait appeler les « troubles » de 2014, lorsqu’on a changé le gouvernement pour un nouveau beaucoup moins représentatif de l’ensemble du pays ».)

A Washington, par contre, la politique officielle consiste à continuer à armer Kiev pour prolonger le conflit, et plus encore du côté de Londres, où le Premier ministre britannique Rishi Sunak a réitéré le 19 décembre son opposition aux négociations et plaidé pour une aide militaire accrue (« c’est-à-dire plus de systèmes de défense aérienne, c’est-à-dire de l’artillerie, c’est-à-dire des véhicules blindés »), tout en promettant d’augmenter les financements l’année prochaine.

The Economist, pour sa part, a déploré le 15 décembre que « l’impasse apparente accroît l’intérêt pour des pourparlers de paix. De nombreux Occidentaux, consternés par la souffrance et, plus égoïstement, lassés par les prix élevés de l’énergie, s’en féliciteraient. Mais les commandants ukrainiens font valoir qu’il ne faut pas s’y prendre trop tôt, et ils ont raison. » Au contraire, « il faut accroître la livraison d’armes, et rapidement », notamment des armes à plus longue portée. Au final, écrit le porte-voix de la City, tout le territoire occupé par les Russes doit être reconquis, y compris la Crimée. C’est aussi la position du président Zelensky et de son gouvernement.

Mais ce ne sont pas seulement des armes et de l’argent que fournissent les Britanniques. Après de long mois de démentis peu crédibles, l’ancien commandant en chef des Royal Marines, le lieutenant général Robert Magowan, a admis que ces forces spéciales étaient déployées depuis avril dans des « opérations secrètes à haut risque » en Ukraine. « Nous avons été fortement impliqués dans l’entraînement de centaines de militaires ukrainiens tout au long de l’été. Nous prévoyons également de former des marines ukrainiens », reconnaît-il dans un article du Globe and Laurel

Pour rester sur ce sujet, le Pentagone prévoit de son côté de plus que doubler le nombre de soldats ukrainiens formés sur la base de l’armée américaine de Grafenwöhr, en Allemagne, dès le début de l’année prochaine. En outre, le budget de la défense nationale de 2023, sur le point d’entrer en vigueur, autorise des dépenses de 858 milliards de dollars. Selon le New York Times, si cette somme est approuvée, le budget du Pentagone aura augmenté de 4,3 % par an ces deux dernières années (même compte tenu de l’inflation) contre une moyenne de moins de 1 % par an en dollars réels entre 2015 et 2021.

Toutefois, il reste à voir si la production de nouvelles armes pourra suivre le rythme de destruction et de capture subies sur le champ de bataille, sans parler de toutes celles qui ont été détournées par les mafias de l’armement et les groupes terroristes pour se retrouver dispersées à travers le monde. Le directeur général de Raytheon, Gregory J. Hayes, a exprimé de sérieux doutes à ce sujet, affirmant qu’« il nous faudra plusieurs années pour nous réapprovisionner et reconstituer les stocks ».

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