L’Eurasie cherche sa voie vers un nouveau système économique

C’est le 26 mai à Bichkek, la capitale du Kirghizstan, que l’Union économique eurasiatique (UEEA) a tenu son forum économique sous la bannière de « l’intégration économique eurasiatique à l’ère de changements mondiaux ». Il fut suivi le lendemain d’une réunion des chefs d’État et de gouvernement des cinq pays membres de l’Union (Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizstan et Russie, plus l’Ouzbékistan à titre d’observateur). Le Forum donna lieu à de nombreux débats sur les perspectives de mise en place et de coordination d’un système économique indépendant du paradigme occidental. Vu le rôle dominant de l’économie russe dans les relations commerciales de la région, les sanctions occidentales imposées à la Russie ont considérablement accéléré la dynamique en faveur de ce type d’intégration, même si elle est à l’œuvre depuis des années.

Selon Serguei Glaziev, le ministre de l’Intégration et de la Macroéconomie de l’UEEA, l’une des priorités pour 2002-23 est de créer « des conditions favorables à l’augmentation des investissements dans le secteur réel de l’économie » et de développer « le potentiel scientifique, technologique et industriel » du groupe.

Les pays membres souhaitent également accroître leurs partenariats. Des accords de libre-échange sont en négociation avec l’Égypte, l’Inde, l’Indonésie, l’Iran et la Turquie, en plus de ceux déjà signés avec la Chine, la Serbie et le Vietnam. Le secrétaire général de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), le diplomate chinois Zhang Ming, qui participait au Forum, a appelé l’UEEA et l’OCS à « unir leurs forces » pour surmonter la crise mondiale et « construire un nouvel ordre mondial », rappelant au passage que « la population de l’OCS dépasse les 3 milliards de personnes, soit la moitié de la population de la Terre ».

La nécessité de développer un système monétaire alternatif a été abordée par différents intervenants, dont M. Glazyev. Pour le président de la Commission économique eurasiatique, Mikhail Myasnikovich, « notre ordre du jour ne devrait pas se limiter au commerce et aux paiements en monnaies nationales. Nous devons discuter de la mise en place d’un système monétaire indépendant et d’un système de devises indépendant… »

Autre sujet d’importance, le développement de technologies pionnières. Le vice-premier ministre biélorusse Igor Petrishenko a proposé d’étudier les plateformes technologiques nécessaires pour introduire des technologies de pointe dans l’industrie, comme l’optique et la microélectronique qui, dans le cas de la Biélorussie, « ont servi de tremplin au développement de l’industrie spatiale nationale ».

Le développement de toute l’Eurasie devrait aussi profiter de l’engagement de Moscou à créer de nouveaux pôles industriels dans le Donbass et à reconstruire l’industrie lourde de la région, en grande partie fermée depuis des années, condition préalable à la coopération imposée par l’Union européenne. Le déminage et le nettoyage du port de Marioupol et des zones côtières adjacentes de la mer d’Azov pourraient contribuer à faire du nord-est de la mer Noire une artère de transport naval de l’UEEA.

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