Les citoyens suisses seront appelés à se prononcer sur le rétablissement de la neutralité

L’Union démocratique du centre (UDC) organise une votation visant à invalider la violation de la neutralité traditionnelle de la Suisse en politique étrangère, violation ayant pris la forme de la mise en place de sanctions contre la Russie décidée par le Conseil fédéral (l’exécutif) en mars dernier (voir AS 10, 17/22). Il faut savoir que le référendum populaire est une procédure de démocratie directe couramment pratiquée en République helvétique.

L’initiative avait été lancée par le fondateur de l’UDC qui en reste une éminence grise, Christoph Blocher, dont la carrière remonte à sa victoire en 1992, lors d’un référendum visant à empêcher la Suisse de rejoindre l’Espace économique européen. Une autre victoire pourrait bien être encore le résultat de la votation explosive que Blocher est en train de préparer, et qui devrait être introduite prochainement. Elle vise à inscrire la neutralité globale et inconditionnelle de la Suisse dans la Constitution.

Outre l’interdiction de rejoindre une alliance quelconque, la votation exclurait toute participation à des sanctions, en dehors de celles décidées par les Nations unies (généralement bloquées par le veto des membres du Conseil de sécurité). Actuellement, la grande majorité des Suisses est, en principe, favorable à la neutralité.

Au départ, le Conseil fédéral, qui est formé de sept personnes issues de tous les partis, avait décidé de ne pas approuver les sanctions, mais il a finalement cédé aux pressions externes. A plusieurs reprises, toutefois, on a vu le parti centriste prendre ses distances par rapport à différentes décisions du Conseil. Le 12 août, par exemple, le ministre des Finances, Ueli Maurer, a prononcé un discours lors d’une réunion de l’UDC, où il a décrit la guerre en Ukraine comme une guerre par procuration entre l’Ouest et l’Est, ou entre pays membres de l’OTAN et la Russie : il s’agit d’une lutte pour le pouvoir qui se fait « sur le dos de l’Ukraine », a-t-il affirmé. Le monde est menacé d’une division telle que celle qui existait avant la chute du mur de Berlin, a suggéré M. Maurer, contredisant ainsi son gouvernement, pour qui la guerre en Ukraine est une guerre d’agression.

Bien qu’espérant sincèrement que la situation en Ukraine ne s’aggravera pas davantage, « on ne peut exclure qu’il y ait une guerre nucléaire en Europe dans quelques semaines », a ajouté Ueli Maurer.

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