Le soutien à la guerre de l’OTAN faiblit en Europe

L’Ukraine bénéficiera du soutien militaire « aussi longtemps qu’il le faudra », insistent les nostalgiques de la Guerre froide en Europe. Mais le soutien populaire à ce point de vue n’est plus aussi solide. Le rassemblement d’un demi-million de personnes contre le gouvernement polonais, le 4 juin à Varsovie, en est une manifestation impressionnante. Au départ, le projet du gouvernement visant à interdire l’exercice d’une fonction publique à tout individu ayant été qualifié d’« agent d’influence russe » a suscité une vive opposition dans le pays. Le rassemblement du 4 juin, auquel participait l’ancien dirigeant de Solidarnosc devenu héros national, Lech Walesa, était dirigé par Donald Tusk, chef de file du parti d’opposition la Plate-forme civique, qui a de bonnes chances de remporter les élections nationales de l’automne prochain.

Plus virulente encore, la nouvelle force politique créée par Leszek Sykulski, professeur à l’université de la Défense nationale et président de la Société géopolitique polonaise, qui a annoncé la semaine dernière : « À Lublin, en collaboration avec le Mouvement antiguerre polonais, nous avons décidé de créer un groupe politique qui chercherait ouvertement à établir des relations amicales avec notre plus grand voisin, la Russie, au grand jour et sans pratiquer la politique de l’autruche. »

La Pologne, on le sait, est un lieu de transit crucial pour les livraisons occidentales d’armes et d’autres biens à l’Ukraine, et tout bouleversement de la politique gouvernementale porterait un coup dur aux ambitions de l’OTAN contre la Russie.

Une tendance similaire émerge en Slovaquie, autre voisin géographique de l’Ukraine. Alors que des élections nationales doivent se tenir dans trois mois, le parti de l’ancien Premier ministre Robert Fico (Direction-Démocratie sociale slovaque), qui s’oppose à la politique pro-Ukraine du gouvernement, est en tête dans les sondages.

En Autriche également, le gouvernement de coalition Conservateurs-Verts est critiqué pour avoir abandonné le statut traditionnel de neutralité du pays. Une source anonyme de la Commission européenne a déclaré la semaine dernière à Politico que ce serait un désastre si le parti de droite de Herbert Kickl, le Parti de la liberté, strict défenseur de la neutralité et de bonnes relations avec la Russie, sortait vainqueur des prochaines élections.

La croisade antirusse de la Commission européenne est également contestée par les gouvernements de la Hongrie et de la Grèce, qui ont mis leur veto au onzième paquet de sanctions la semaine dernière, en réclamant des exemptions pour leurs entreprises faisant des affaires avec la Russie.

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