Le nouveau Premier ministre britannique, du pareil au même ?

Dans son premier discours en tant que nouveau chef du gouvernement, Rishi Sunak, ancien banquier de Goldman Sachs et l’homme le plus riche du Parlement britannique, a promis de prendre les « décisions difficiles » qui s’imposent pour faire face à la « profonde crise économique », due, selon lui, aux « suites du Covid » et à « la guerre en Ukraine » qui a déstabilisé les marchés du monde entier.

Il n’a donné aucun détail sur ces « décisions difficiles », mais peu avant sa confirmation, l’éditorialiste principal du Guardian, Simon Jenkins, affirmait que la priorité absolue devrait être de rétablir la « stabilité » et d’imposer une politique d’austérité draconienne. Et pour lui, la stabilité dépend d’une « nouvelle série de réductions brutales des dépenses, prévue le 31 octobre ».

Simon Jenkins est également opposé à la tenue d’élections anticipées, car « l’instabilité est la dernière chose dont l’économie ait besoin ». Lors de sa première réunion avec les députés conservateurs, le Premier ministre Sunak a suivi ce conseil en annonçant qu’il n’appellerait pas à des élections anticipées. (Après tout, pourrait-on ajouter, qu’importe la « démocratie » quand la City de Londres est en détresse ?)

Le grand défi immédiat pour Rishi Sunak porte sur le rôle de la Grande-Bretagne dans la crise internationale des obligations, qui a éclaté suite à l’annonce par son malheureux prédécesseur Liz Truss de son « mini budget » conjugué à des réductions d’impôts (voir AS 41, 42 / 22). La Banque d’Angleterre avait alors dû lancer un assouplissement quantitatif de 65 milliards de livres sterling afin d’éviter l’effondrement des fonds de pension, des compagnies d’assurance et des gilts britanniques.

Puis, le 21 octobre, le Trésor de Sa Majesté annonçait qu’il avait prévu de transférer 11 milliards de livres sterling à la Banque d’Angleterre, afin de compenser les pertes liées à l’assouplissement quantitatif. La première tranche de plusieurs centaines de millions a déjà été déboursée. Ceci conduira à la « décision difficile » d’accroître la dette que la Banque d’Angleterre rachètera, alimentant ainsi l’inflation, ou de lever de nouveaux impôts, alimentant alors « l’instabilité politique ».

Durant tout le cirque politique de ces deux derniers mois, il n’a pratiquement jamais été question du plus grand défi, à savoir la guerre en Ukraine, et encore moins du danger de guerre nucléaire. Rishi Sunak est considéré comme tout aussi hostile à la Russie que les gouvernements précédents et il est peu probable qu’il modifie la politique ukrainienne de la plus belliqueuse des capitales occidentales, d’autant plus que Ben Wallace, ministre de la Défense de Boris Johnson et de Liz Truss, et fervent partisan du parti de la guerre, a été reconduit dans ses fonctions. Idem pour le chancelier de l’Échiquier, Jeremy Hunt, le favori de la City de Londres.

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