Le FMI et Washington sortent un nouvel argument contre la Chine

De la visite de la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen en Zambie, on retiendra avant tout le nouvel angle d’attaque contre la Chine en matière de dettes. L’argument sur le « piège de la dette » ayant perdu toute crédibilité, Beijing est désormais accusée de refuser de contribuer à résoudre la crise de la dette de nombreuses nations africaines. L’intention est double : amener la Chine à aider au remboursement des détenteurs occidentaux de la dette impayée des pays africains, et empêcher ceux-ci d’accepter de nouveaux prêts chinois pour des projets d’infrastructure.

Ce deuxième aspect est proposé par le Fonds monétaire international, dont le directeur se trouvait en Zambie en même temps que Janet Yellen, comme condition pour obtenir un allégement ou une restructuration de la dette. Les États-Unis espèrent bloquer par ce biais l’Initiative une Ceinture, une Route et décourager la coopération sino-africaine, bâtie sur le développement d’infrastructures (transports, électricité, gestion de l’eau, télécommunications modernes, soins de santé et éducation), ainsi que sur l’agriculture et l’industrie. Les anciennes puissances coloniales, en revanche, notamment la Grande-Bretagne, se sont toujours intéressées au pillage des matières premières, effectué sous couvert de réformes, de privatisations et d’incitations à l’investissement – et plus récemment au nom de la transition « verte ».

Dans le cas de la Zambie, cinquième exportateur de cuivre dans le monde, le pillage est pratiquement tout aussi lourd que pendant l’ère coloniale, comme l’explique Hussein Askary dans un rapport détaillé à paraître dans le prochain magazine EIR, et qui est posté ici.

Le FMI veut « convaincre » la Zambie de ne plus contracter de dettes pour d’importantes infrastructures, c’est-à-dire principalement auprès de la Chine, bien que sans la désigner nommément. Actuellement, 30 % de la dette extérieure de la Zambie est dans les mains de détenteurs d’obligations souveraines et 30% est détenue par la Chine, mais avec une différence cruciale. Les crédits accordés par la Chine sont destinés à augmenter la productivité nationale par la construction d’équipements clés. Ces crédits, à long terme et à faible taux d’intérêt, comportent souvent de longues périodes de grâce. En revanche, la dette obligataire souveraine a été contractée dans des conditions de crise pour tenter de combler tant bien que mal les déficits fiscaux et financiers de ces pays, à des taux d’intérêt très élevés et à de courtes échéances. Cette différence qualitative est toujours passée sous silence dans les analyses et discussions sur la dette.

La visite de Mme Yellen à l’aéroport Kenneth Kaunda de Lusaka pose un paradoxe frappant, que le journal chinois Xinhua a relevé avec humour (illustré par des caricatures): « La secrétaire au Trésor Janet Yellen a qualifié la Chine de ‘barrière’ à l’économie africaine, après avoir atterri dans un aéroport financé par la Chine, roulé sur une autoroute construite par la Chine et vu diverses infrastructures modernes réalisées par la Chine. »

Print Friendly, PDF & Email