L’ANASE se préoccupe de l’expansion de l’OTAN en Asie

Après le sommet de l’OTAN en Lituanie, dédié à la militarisation des pays membres, les réunions se déroulant à Jakarta (Indonésie) avec les ministres des Affaires étrangères de l’ANASE (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) et leurs invités se concentraient sur le développement.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, boudé par ses homologues occidentaux, était en quelque sorte un invité d’honneur dans la capitale indonésienne. Outre une réunion trilatérale avec la Chine et l’Indonésie, il a eu de nombreuses rencontres bilatérales avec ses homologues, notamment avec Wang Yi, le directeur du bureau des Affaires étrangères du Comité central du PCC.

Le chef de la diplomatie russe a mis en garde ses amis de l’ANASE contre la volonté de l’Occident de créer une alliance de type OTAN dans la région Asie-Pacifique. La présence à Vilnius des dirigeants du Japon et de la Corée du Sud, deux des plus proches alliés militaires de Washington en Asie, semble le confirmer. Lavrov arappelé que l’ANASE prône plutôt un esprit d’unité et de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays.

Wang Yi, de son côté, a participé à quatre événements multilatéraux, dont la réunion de l’ANASE + 3 (les dix États membres plus la Chine, le Japon et la Corée du Sud) et le sommet de l’Asie de l’Est, tout en conduisant 13 entretiens bilatéraux, revenant à maintes reprises sur l’importance de maintenir la paix et l’harmonie dans la région Asie-Pacifique, et donc d’empêcher une nouvelle division de cette zone de type guerre froide. Lors de ses rencontres avec ses homologues japonais et sud-coréens, il a plutôt mis en avant les relations économiques. Il a également noté que les relations entre la Chine et le Japon se trouvaient désormais à un stade critique, compte tenu de l’orientation du Premier ministre Kishida vers une alliance militaire plus étroite avec les États-Unis, et que les choix faits désormais par Tokyo seraient décisifs pour l’avenir de ces relations.

Avec le ministre indien des Affaires étrangères Jaishankar, Wang Yi aurait plaidé pour une coopération plus étroite et l’égalité de traitement pour les entreprises chinoises opérant en Inde. Notons enfin que lors de ses réunions bilatérales avec le secrétaire d’État Anthony Blinken et le responsable de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, le ton était apparemment plus cordial que la rhétorique acerbe généralement entendue à Washington et à Bruxelles, ainsi que dans d’autres capitales occidentales. Peut-être parce que l’ambiance n’était pas particulièrement propice à l’« ordre fondé sur des règles », ou bien tout simplement dans le cadre des efforts pour éloigner Beijing de Moscou. Quoi qu’il en soit, il a été annoncé dès le lendemain que la Russie participerait le mois prochain à des exercices militaires avec la Chine en mer du Japon…

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