L’Allemagne se rallie résolument à l’escalade contre la Russie

Si les mesures économiques et militaires contre la Russie, décidées le week-end dernier, sont surtout le fait de cercles géopolitiques anglo-américains, elles reflètent aussi un revirement spectaculaire de la politique allemande en faveur d’un programme de réarmement à marche forcée. Helga Zepp-LaRouche a qualifié cette volte-face de « séisme politique » et de « catastrophe absolue », le chancelier Olaf Scholz ayant transformé de facto son gouvernement en « cabinet de guerre ».

En effet, le gouvernement Scholz a abandonné toute hésitation à soutenir des sanctions se rapportant au SWIFT, il a renoncé à son refus d’autoriser des livraisons d’armes à l’Ukraine et s’est montré prêt à sacrifier tout lien économique avec la Russie — bien au-delà de la fourniture de gaz naturel. En outre, bien que sachant pertinemment que c’est faux, le chancelier a déclaré devant le Bundestag que les sanctions prises par le G7 (présidé cette année par l’Allemagne) ne visaient pas le peuple russe, mais Vladimir Poutine.

Le soutien de Berlin à la guerre économique contre la Russie affectera l’ensemble de l’Union européenne — même les pays membres qui sont encore hésitants sur les sanctions — du simple fait que l’Allemagne représente la première économie nationale. Le gouvernement Scholz a fait fi des nombreux avertissements sur l’effet boomerang que devraient avoir les sanctions SWIFT contre tous les grands exportateurs européens à la Russie. Il semble que le vieux dessein géopolitique de Mackinder, visant à séparer l’Allemagne de la masse eurasiatique, se réalise enfin. Et il signifie la fin des relations économiques germano-russes.

Dans sa déclaration au Bundestag, le chancelier Scholz a annoncé son intention d’allouer pas moins de 100 milliards d’euros au réarmement des forces armées allemandes. Cet argent, comme l’a précisé le ministre des Finances Christian Lindner, sera levé sous forme d’une hausse d’impôts pour la population. L’arrêt des importations de gaz en provenance de Russie et leur remplacement (qui va commencer, selon Scholz, par la construction de deux terminaux GNL dans les ports de Wilhelmshaven et Brunsbüttel) entraîneront forcément une hausse des prix du gaz, tant pour l’industrie que pour les ménages.

Donner la priorité à des mesures de guerre impliquant des sacrifices sociaux et des régimes d’exception pour les Allemands (entre autres) rappelle les politiques mises en œuvre par Hjalmar Schacht dans les années 1930 pour préparer l’économie allemande à l’effort de guerre. Aujourd’hui, les dépenses militaires, conjuguées à une accélération de la « transition climatique » visant à remplacer les sources d’énergie fiables par des « renouvelables » inefficaces, constituent une politique schachtienne, dans le seul but d’enrichir le complexe militaro-industriel et les spéculateurs financiers, tout en détruisant l’économie physique. Comme une telle politique convient mal à la démocratie, l’introduction d’une censure centralisée des médias indépendants, comme celle annoncée par la Commission européenne, ouvre la voie à un régime autoritaire.

Par ailleurs, la décision de fournir des armes à l’Ukraine, un pays en guerre, viole la Constitution allemande, qui repose, plus encore que toute autre charte fondamentale en Europe, sur le rejet de la guerre. Il reste à voir comment la Cour constitutionnelle répondra aux recours qui sont en préparation.

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