L’Afrique aussi a besoin du nucléaire pour se développer

Un appel enthousiasmant à faire entrer l’Afrique dans le XXIe siècle a été présenté lors de la conférence du 9 avril de l’Institut Schiller par Princy Mthombeni, une jeune femme venant « de ce beau pays qui s’appelle l’Afrique du Sud ». Mme Mthombeni est spécialiste en communication de la technologie nucléaire et fondatrice de Africa4Nuclear, une organisation qui fait la promotion du nucléaire pour contribuer au développement du continent.

En Afrique aujourd’hui, constatait-elle, plus de 640 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité, selon la Banque de développement africaine. Et bien que la continent compte près d’un cinquième de la population mondiale, il représente moins de 4 % de la consommation mondiale d’électricité.

Sur ce, elle a donné quelques comparaisons choquantes de la réalité en Afrique par rapport au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. « Une bouilloire, utilisée deux fois par jour par une famille en Grande-Bretagne, consomme cinq fois plus d’électricité qu’un habitant du Mali en un an. Un Éthiopien met 87 fois plus de temps à consommer 150 kWh d’électricité qu’un Britannique. Un Tanzanien met huit ans à consommer ce qu’un Américain consomme chaque mois en électricité. Aux États-Unis, un congélateur consomme 10 fois plus d’électricité que n’en consomme un habitant du Liberia en un an. »

L’accès à l’énergie est vital, selon Princy Mthombeni, pour « libérer le potentiel économique de l’Afrique et sortir ainsi un grand nombre de personnes de la pauvreté ». Par ailleurs, la médecine nucléaire est un domaine que l’Afrique devrait explorer.

Après avoir passé en revue certains projets prometteurs faisant appel aux technologies nucléaires dans différents pays africains, elle a souligné qu’« on ne peut pas parler de développement durable ni même de civilisation, alors que des millions de personnes vivent dans la pauvreté et sont toujours privées d’électricité et d’eau potable. Le nucléaire est donc bien placé pour aider à relever ces défis. »

En ce qui concerne la fameuse « zéro émission nette de carbone d’ici 2050 », elle juge sévèrement les nombreuses nations développées qui veulent se décharger de leurs responsabilités en matière de pollution en les mettant sur le dos des pays africains. Elles « persuadent nos dirigeants d’éliminer progressivement les combustibles fossiles, en particulier le charbon, chez nous, alors qu’ils ne l’ont pas fait dans leurs propres pays. Pire encore, par le biais des conditions de financement, ils nous dictent quel type de source d’énergie renouvelable nous devons mettre en œuvre, les sources habituellement recommandées étant l’éolien et le solaire. »

Or, ces sources à elles seules « ne résoudront pas le problème du manque d’infrastructures et de développement ». Dans la même veine, estime-t-elle, la lutte contre les émissions ne doit pas se faire « au détriment des Africains pauvres ».

La traduction en français du discours de Princy Mtombeni est disponible ici.

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