La stratégie anti-Poutine de l’OTAN a échoué

La réélection de Vladimir Poutine pour un nouveau mandat de six ans a suscité chez nous les mêmes litanies que l’on entend depuis des mois : autocrate, non démocratique, fraude électorale, etc. Or, ceux qui sont en contact avec la société russe doivent admettre, souvent à contre-cœur, que le président Poutine jouit d’une popularité croissante dans son pays. En outre, cette élection était devenue, d’une certaine manière, un référendum sur une guerre contre la Russie, menée, ainsi que les Russes en sont de plus en plus conscients, par l’OTAN et non par l’Ukraine. Paradoxalement, alors que les médias occidentaux ne cessent de dénoncer les moyens sournois prétendument utilisés par le Kremlin pour subvertir le processus démocratique et les élections en Occident, ils se félicitent des méthodes promues par l’Ouest pour influer sur les élections russes. C’est ainsi qu’on a vu, dans les jours précédant l’élection, une recrudescence d’attaques de drones et d’incursions sur le territoire russe, sans oublier les sanctions financières, le gel des avoirs russes à l’étranger ou encore le financement ouvert de groupes d’opposition.

Mais ces mesures n’ont pas abouti au résultat escompté par l’OTAN. L’économie russe est plus forte qu’auparavant, plusieurs régions d’Ukraine ont voté leur appartenance à la nation russe et Vladimir Poutine peut désormais compter sur un soutien encore plus large. Plus inquiétant encore pour les géopoliticiens occidentaux, le respect envers la Russie s’est fortement accru parmi les nations n’appartenant pas à l’OTAN, en particulier en Afrique, du fait qu’elle a refusé de capituler. Ainsi, les tentatives du monde transatlantique de convaincre le Sud global de dénoncer la Russie ont échoué lamentablement.

Quant à Vladimir Poutine lui-même, il a saisi l’occasion de sa réélection pour réaffirmer sa politique. Interrogé par Reuters sur les propos du président Macron évoquant l’éventualité de déployer des troupes de l’OTAN en Ukraine, le président russe a répliqué que « tout est possible dans le monde moderne ». Toutefois, « il est clair pour tout le monde qu’un « [conflit entre la Russie et l’OTAN] nous amènerait à deux doigts d’une Troisième Guerre mondiale. Je pense que pratiquement personne ne veut de cela. »

Il a affirmé qu’il y avait déjà du personnel militaire de l’OTAN déployé en Ukraine, les troupes russes ayant entendu des discussions en anglais et en français sur le champ de bataille. « Il n’y a rien de bon dans tout cela, tout d’abord pour eux, puisqu’ils meurent là-bas, et en grand nombre. » Le président russe espère cependant qu’Emmanuel Macron cessera d’attiser les tensions à propos de l’Ukraine et contribuera à la paix. « Tout n’est pas encore perdu », a-t-il déclaré. Cette évaluation paraît plus optimiste que à quoi les déclarations des dirigeants en question laissent penser.

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