La réalité s’impose contre le Green Deal de Bruxelles

Alors qu’en Europe, la désindustrialisation (provoquée par l’homme) progresse à pas de géant, le vent tourne contre le « Green Deal » si cher à Ursula von der Leyen. En Allemagne, outre le chamboulement politique dans l’Etat clé de Hesse, qui risque d’avoir des répercussions à Berlin (voir ci-dessous), d’autres éléments du programme vert ont bien du mal à passer.

* Le 9 novembre, le Parlement européen a approuvé le report des directives strictes sur les émissions « Euro 7 » — repoussées de deux ans pour les voitures et de quatre ans pour les camions. Avec ce règlement, la « majorité Ursula » du Parlement, c’est-à-dire la coalition ayant élu Mme von der Leyen à la présidence de la Commission européenne, vole en éclats. En plus des conservateurs et des nationalistes de l’opposition, cette décision de repousser le délai a été votée par la majorité du Parti populaire et des libéraux, ainsi que par un tiers des factions socialistes.

* Une nouvelle défaite pour l’agenda vert est attendue le 21 novembre, lors du vote à Strasbourg sur le règlement relatif à la réutilisation des emballages, qui interdirait, entre autres, les gobelets en carton pour les boissons consommées dans les bars et les restaurants, les sachets de sucre, les bouteilles en plastique pour les shampooings et gels de douche dans les hôtels, ainsi que certains emballages dans lesquels sont vendus fruits et légumes. Ils sont censés être remplacés par des emballages lavables et réutilisables.

L’industrie italienne de l’emballage et plusieurs associations d’agriculteurs qui s’étaient entièrement converties à la norme précédente d’un système de recyclage à usage unique, au cours des dernières années, se sont mobilisées pour empêcher ce règlement. Un groupe de 40 membres italiens du Parlement européen, issus de tous les partis politiques, s’est joint à la mobilisation et s’engage à bloquer la nouvelle mouture.

* Le troisième élément ne concerne pas directement l’agenda de l’UE, mais s’y rapporte indirectement. La Suisse a décidé de prolonger la durée de vie de ses quatre centrales nucléaires aussi longtemps que leur sécurité pourra être maintenue. Elles fournissent aujourd’hui 40 % de l’électricité du pays. Alors qu’en 2017, les Suisses s’étaient prononcés par référendum en faveur de la sortie du nucléaire, l’insécurité énergétique actuelle les a incités à revenir sur leur décision, afin d’éviter un gros trou noir dans l’approvisionnement énergétique national. Par ailleurs, les possibilités de développer des énergies renouvelables seraient épuisées.

La Belgique et la Finlande prévoient également de prolonger la durée de vie de leurs centrales nucléaires. La Finlande vient d’achever la construction d’une nouvelle centrale et en prévoit une autre, tout comme la Roumanie, la Bulgarie et la Slovénie.

* Enfin, on voit même l’un des piliers du système européen, le marché unique de l’énergie, remis en cause, provoquant la panique parmi les fonds spéculatifs et le secteur financier, pour qui il avait été source de profits juteux. Le gouvernement allemand a annoncé un plan quinquennal de subvention du coût de l’énergie pour l’industrie, visant à le fixer à 70 euros par MWh pour les industriels, pour un coût d’environ 28 milliards d’euros jusqu’en 2028. Apparemment, la Commission a donné son feu vert (ou n’a pas encore donné son feu rouge), de sorte que les producteurs italiens exigent maintenant le même traitement.