La livraison à l’Ukraine de bombes à fragmentation consacre la faillite morale de l’OTAN

Le sommet de l’OTAN, tant commenté à l’avance dans les médias, a finalement eu lieu la semaine dernière à Vilnius, en Lituanie, assorti des incontournables discours sur la victoire de l’« ordre fondé sur les règles » et de la démocratie. Par contre, les participants ne semblent pas avoir pris acte du fait que l’ère d’un « monde unipolaire » hégémonique et incontesté était révolue.

Le communiqué final de l’OTAN reprend les habituelles attaques contre la Russie, présentée comme l’ennemi à abattre, exigeant son « retrait complet et inconditionnel » de l’Ukraine comprise « dans ses frontières internationalement reconnues ». C’est une revendication tout à fait fantaisiste, mais l’idée est de permettre entre-temps au complexe militaro-industriel occidental de prospérer et au système financier transatlantique de survivre. Quelques paragraphes sont également consacrés à la Chine et aux graves « défis pour nos intérêts » qu’elle représente, avant d’exiger d’elle qu’elle renonce à toute forme de soutien à la Russie, ce qui est tout aussi illusoire.

Bien que de nombreux dirigeants réunis Vilnius aient promis et juré d’assurer la victoire de l’Ukraine, leurs promesses sonnent creux. En effet, le sommet lui-même a été quelque peu éclipsé par la décision révoltante de l’administration Biden, annoncée quelques jours auparavant, de livrer des armes à sous-munitions à l’Ukraine.

Ces armes ayant été interdites en 2008 par 120 pays (mais pas par les États-Unis ni la Russie), cette décision a soulevé une tempête de protestations dans le monde entier, à l’exclusion de ceux réunis à Vilnius. Sur le plan militaire, ces bombes obsolètes ne changeront certainement pas l’issue de la guerre, que Kiev est en train de perdre. Sur le plan économique et écologique, alors que l’Ukraine est l’un des principaux producteurs agricoles au monde, elles rendront inutilisables de vastes superficies arables pour les décennies à venir. Mais c’est surtout sur le plan humain que les dégâts seront irréparables. C’est précisément pour cela qu’elles ont été interdites, y compris par les pays de l’Union européenne qui applaudissent aujourd’hui des deux mains.

Mais l’aspect le plus révélateur de tout ceci est l’explication donnée par Joe Biden lui-même pour une décision aussi controversée. Dans une interview diffusée le 9 juillet sur CNN, il a déclaré : « Il s’agit d’une guerre des munitions, et ils [les Ukrainiens] sont à court de munitions, et nous en manquons aussi. » Contrairement donc à la propagande, la Russie n’est pas sur le point d’être vaincue. Ce commentaire a été démenti par la suite, mais le secrétaire d’État Blinken a confirmé le 11 juillet sur NBC que « les stocks dans le monde et en Ukraine » sont « sur le point d’être épuisés ». Trahissant les froids calculs de l’administration Biden, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a commenté cyniquement que, quoi qu’il en soit, la Russie aura fait plus de morts civils que ne pourront en faire les armes à sous-munitions.

L’hypocrisie flagrante de ceux qui prêchent les « valeurs occidentales » tout en prolongeant une guerre qu’ils ne peuvent pas gagner, éclate plus que jamais et devrait faire grossir les rangs des mouvements pacifistes dans le monde entier. L’Institut Schiller s’active à mettre en place une coalition de ces mouvements et participera aux manifestations prévues le 6 août, à l’occasion du 78ème anniversaire du bombardement d’Hiroshima. Des manifestations sont prévues dans la plupart des grandes villes d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud et du reste du monde.

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