La fin de Bretton Woods, cinquante ans après

De nombreux analystes financiers et économistes officiels ont commenté le 50e anniversaire du « choc Nixon » du 15 août 1971, c’est-à-dire sa décision de suspendre la convertibilité du dollar en or, qui a sonné le glas du système de taux de changes fixes instauré à la conférence de Bretton Woods de 1944. Ce choix tragique a conduit la zone transatlantique à un demi-siècle de déclin industriel, de bulles spéculatives géantes et de krachs financiers au détriment de ses habitants, qui ont vu fondre leur pouvoir d’achat, leur salaire et qui ont assisté au démantèlement de leurs services publics et systèmes de santé.

La plupart des analyses se perdent cependant dans les détails de cet événement (fin de l’étalon-or, contrôle des prix et des salaires, etc.) et s’avèrent incapables d’en mesurer la portée à long terme sur les économies américaine et européenne, mais aussi sur les perspectives de développement des pays de l’hémisphère sud. A l’époque, un économiste américain hétérodoxe féru de « l’économie physique », Lyndon LaRouche, était bien seul lorsqu’il mettait en garde, dès 1967, contre cette éventualité.

Soulignons que nos commentateurs modernes ignorent le rôle décisif du gouvernement britannique d’Harold Wilson et de la Banque d’Angleterre, qui ont rudoyé le système de Bretton Woods conçu par Franklin Roosevelt jusqu’à contraindre Nixon et ses conseillers incompétents (Burns, Schultz, Baker III) à le démembrer. Le Parlement anglais avait notamment dévalué sa devise de 14 % en 1967 sans aucune coordination avec les autres grandes nations comme l’exigeait les procédures de Bretton Woods. C’est en analysant de près ces manoeuvres de la City que, dès 1967, LaRouche arriva à la conclusion que Bretton Woods risquait d’être démantelé « vers la fin de la décennie ». En 2000, dans « Commerce sans monnaie », LaRouche écrivait que dans la période 1945–66, le dollar américain était une monnaie de réserve mondiale légitime car basée sur la forte productivité du travail américain et la forte capacité d‘exportation de biens d‘équipement, ce qui assura à son tour le succès relatif des accords de Bretton Woods.

Après cette période, la puissance du dollar n‘a cessé de s’éroder, rendant urgent un nouveau système de crédit international.

Dans l‘histoire des contributions de Lyndon LaRouche à la science économique, la date de 1971 occupe une place importante. Par sa capacité unique à prévoir, plusieurs années auparavant, la décision de Nixon, LaRouche s‘est distingué, par la force de ses idées, des autres économistes et dirigeants politiques. Dès 1967, voyant ce qui allait arriver, LaRouche proposa dans un écrit largement diffusé une nouvelle politique de développement du tiers-monde, par le biais de crédit productif public pour l’exportation de biens d‘équipement. Cette orientation visait également à métamorphoser l’action croissante du mouvement anti-guerre du Vietnam en mouvement pro-développement. En moins d‘une décennie, la démarche que préconisait LaRouche gagna l’adhésion de plusieurs dirigeants du mouvement des pays non-alignés. Sa proposition de Banque internationale pour le développement (BID) se trouva au coeur de leurs revendication d’un Nouvel Ordre économique mondial plus juste, fondé sur les transferts de technologie en faveur du Sud et l’investissement dans les infrastructures de base. Au cours de cette même décennie, il s’attire les foudres des plus hautes sphères du monde financier et leur bras médiatique. Un véritable cabinet noir (« Get LaRouche Task Force ») est alors chargé de le diaboliser afin d’endiguer son influence et, après un procès truqué, il se retrouve en prison.

Avec une prescience impressionnante, LaRouche mesurait dès 1971 les dérives d’un monde post-Bretton Woods : – triomphe du « capital fictif » et de la spéculation sur l’économie réelle ; – contrôle de masse par l’arme d’une sous-culture ; – spéculation prospérant sur un monde industriel et agricole mené à la ruine ; – austérité mortifère qu’il qualifia de « fascisme schachtien » (inspiré d’Hjalmar Schacht, le ministre des Finances d’Hitler) ; – dépression mondiale créant les conditions du retour d’épidémies anciennes et l’apparition de nouvelles.

Pour l’éviter, il ne cessa de défendre un nouvel ordre économique mondial plus juste, basé sur le développement mutuel et la construction d’infrastructures de base pour tous, grâce à des moratoires sur la dette et du crédit productif à long terme et faible taux d’intérêt. Cinquante ans après, les choix identifiés par LaRouche se posent toujours à nous : un Nouveau Bretton Woods au profit de l’intérêt général, ou une dépopulation malthusienne déguisée en « Green New Deal ». Le samedi 14 août, la Fondation LaRouche (LaRouche Legacy Foundation) vous convie à son webinaire pour rappeler cette histoire avec plusieurs experts et esquisser des pistes pour rebondir. Inscription : https://www.larouchelegacyfoundation.org/news/august-15

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