La dédollarisation de l’économie mondiale : ne pas se laisser obnubiler par la monnaie !

La dédollarisation de l’économie mondiale était l’un des thèmes majeurs de la conférence internationale de l’Institut Schiller. En plus des différents accords déjà conclus entre plusieurs nations, autorisant l’utilisation des monnaies nationales dans les échanges bilatéraux et les investissements, des discussions sont en cours sur le type de monnaie de réserve à créer pour remplacer le dollar dans le commerce international, disposition rendue nécessaire par l’instrumentalisation à des fins politiques de la monnaie américaine (notamment la saisie des réserves monétaires de Russie ou d’Afghanistan).

La prochaine réunion des BRICS, cet été, doit se pencher sur ce sujet (voir AS 14-15 / 23), qui a aussi été abordé lors de la visite du président brésilien Lula en Chine (voir ci-dessous). La Banco Bocom BBM, une banque brésilienne traditionnelle contrôlée par de puissantes banques chinoises, est devenue la première institution financière sud-américaine à participer au Système chinois de paiement interbancaire transfrontalier (Cips). Et bien que le yuan ait remplacé l’euro à la deuxième place dans les réserves internationales détenues par le Brésil, selon un rapport de la Banque centrale à la fin de 2022, le dollar représente toujours 80,42 % du total.

Dans sa présentation à la conférence de l’IS, le responsable d’EIR pour l’Ibéro-Amérique, Dennis Small, a soulevé deux aspects du problème : 1) les États-Unis doivent également se « dédollariser » en abandonnant le « dollar de Wall Street », et 2) toute nouvelle monnaie de réserve doit être fondée sur le développement de l’économie physique et s’appuyer sur elle.

Les économistes attitrés ont beaucoup de mal à comprendre ce second point, étant le plus souvent captifs de méthodes statistiques et mathématiques pour déterminer la valeur. Pour expliquer ce point, Dennis Small cita un document clé de Lyndon LaRouche, intitulé « Commerce sans monnaie – Sur un panier de biens physiques, rédigé en 2000 dans le cadre des discussions en cours sur un nouveau système monétaire. LaRouche y martèle qu’avant de discuter de parités monétaires, on doit remplacer l’ensemble du système économique du FMI par une série d’accords sur des projets de développement. Seule une politique de développement, et non l’or ou un panier de devises en soi, peut garantir la stabilité monétaire.

Se référant au système de Bretton Woods dans la période 1945-1965, LaRouche expliquait ce qui avait constitué la force du dollar américain en tant que monnaie de réserve, dans le cadre du régime de réserve-or, qui fonctionnait « parce qu’il était défendu par des mesures protectionnistes et réglementaires, à la fois au niveau international et au sein des nations concernées. C’était la puissance physique de l’économie américaine (…) mesurée à l’aune du taux de croissance de la productivité physique par habitant et par kilomètre carré, et reflétée dans des périodes de fort taux d’augmentation de la formation de capital en termes de biens matériels, qui fut déterminante pour la performance de l’économie américaine au cours des deux premières décennies du système monétaire de l’après-guerre. Cette puissance physique, conjuguée aux besoins d’une Europe dévastée par la guerre d’acquérir des quantités accrues de produits agricoles américains et de machines-outils, permit au crédit américain de stimuler la croissance de la productivité physique, par habitant, en Europe occidentale, ce qui donna à l’Europe les moyens d’honorer ses obligations envers les États-Unis. »

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