La Commission trilatérale Asie se méfie de la politique de Washington

La Commission trilatérale, organisation énigmatique regroupant les « élites » autoproclamées des États-Unis, de l’Europe et du Japon fondée en 1973, a réuni son groupe Asie-Pacifique les 19 et 20 novembre à Tokyo. Pour la première fois, un service de presse était invité à assister à toutes les sessions, en l’occurrence Nikkei Asia.

Le rédacteur en chef de la publication, Shigesaburo Okumura, a rapporté le 25 novembre que « de nombreux participants semblaient en avoir assez du découplage de la Chine imposé par les États-Unis au nom du dualisme ‘démocratie contre autocratie’. Certains d’entre eux s’inquiètent de la nature arbitraire et imprévisible des sanctions commerciales et de leur mise en œuvre par les États-Unis (…) Ils ont de graves inquiétudes concernant l’affrontement entre les deux nations hégémoniques les plus puissantes. »

Deux journalistes du Nikkei citent, dans leur article, un dirigeant japonais de l’organisation qui a déclaré sans ambages : « Nous avons le sentiment que la politique américaine à l’égard de l’Asie, en particulier de la Chine, a été bornée et inflexible. Nous voulons que les Américains reconnaissent les diverses perspectives asiatiques. » Et de citer un ancien responsable japonais pour qui l’attitude confrontationniste de l’ambassadeur américain au Japon, Rahm Emanuel, est incompréhensible. Il estime que « si on oblige les pays à choisir leur camp, les nations d’Asie du Sud-Est choisiront la Chine. L’essentiel, c’est de ne pas les forcer à choisir. »

Bien que certains Chinois aient été invités à la réunion, selon les organisateurs, aucun n’y participait, amenant différents membres de la Trilatérale à souligner que la participation chinoise était indispensable pour traiter efficacement les questions mondiales. Un membre philippin a fait remarquer qu’il était inutile de discuter de l’Asie sans la Chine, s’inquiétant particulièrement de la division du monde en blocs concurrents : « Lorsque deux éléphants se battent, les fourmis sont piétinées. Et nous le ressentons. »

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