La colère gronde en Allemagne aussi

Vu la volonté de Berlin de défendre sa transition énergétique et le Green Deal européen, malgré quelques concessions forcées, l’Allemagne est bien plus vulnérable que d’autres pays de l’Union européenne à la flambée des prix de l’énergie, qui promet de rendre inabordables le gaz et l’électricité pour la population et l’industrie. On s’attend donc à une vague de protestations.

Le ministre de l’Economie Robert Habeck (Verts) est le premier dans le collimateur, avec ses assurances creuses et son discours incompétent sur la réalité vécue par les gens. Par exemple, lors de l’émission populaire Maischberger du 6 septembre, à la question de savoir s’il s’attendait à une vague d’insolvabilités à la fin de l’hiver, Habeck a répondu par un « non » catégorique. Mais son explication a été tout sauf claire : « Je peux imaginer qu’au début, certaines branches cesseront tout simplement de produire, mais pas qu’elles deviendront insolvables. » Certes, les consommateurs à court d’argent devront sans doute acheter leur pain moins cher chez les discounters, plutôt qu’à la boulangerie, mais, selon lui, les petits commerces ne seront pas condamnés à fermer et à licencier leurs employés, même s’ils ne vendent plus ! Après cela, il s’est embrouillé encore plus.

La vidéo de Robert Habeck, montrant son incompétence et son indifférence au sort des gens est devenue virale, suscitant une flopée d’appels à la démission non seulement de la part de l’opposition mais aussi des partis membres de la coalition au pouvoir.

En outre, les artisans, restaurateurs et hôteliers, ainsi que les chefs de petites et moyennes entreprises, dont les factures d’énergie vont décupler, interpellent quotidiennement le gouvernement pour qu’il lutte contre l’inflation. Or, les politiciens préfèrent répéter machinalement que « c’est la faute à la Russie », tout en concédant quelques aumônes, mais refusent de s’attaquer à la racine du problème. Si les nombreuses associations professionnelles qui envisagent de nouvelles actions parviennent à unir leurs forces, au-delà des intérêts sectoriels, l’Allemagne vivra en effet un « automne chaud ». Cela devrait amener aussi les syndicats, qui ont ménagé jusque-là leurs critiques d’un chancelier social-démocrate, à rejoindre les actions. Il est peu probable que la coalition au pouvoir à Berlin, dont la popularité dépassait à peine 25 % la semaine dernière, puisse survivre à une telle lame de fond.

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