La censure médiatique occidentale sévit contre le Sud

Si la censure pratiquée par nos grands médias n’est guère une nouveauté, la couverture du sommet des BRICS, du 22 au 24 août, offre néanmoins un exemple stupéfiant de la « fabrication d’un récit » en vue de propager l’ignorance et la peur. Alors que ce sommet a énormément contribué à mettre fin au colonialisme, tout en proposant au monde une alternative fondée sur le développement mutuel et pacifique, cependant, dans la presse du « Nord planétaire », les faits ont été tantôt passés sous silence, tantôt déformés de manière à faire croire que cet événement était insignifiant, quand il n’était pas dirigé contre la « démocratie », voire qu’il s’agirait d’un complot « communiste » visant à saper la liberté.

Dans les médias qui l’ont couvert, deux lignes revenaient invariablement. Selon la première, les BRICS seraient sous l’emprise des intérêts impériaux de la Chine et de la Russie. Affichant une orientation « anti-américaine », ils veulent remplacer le dollar et abattre le « capitalisme » au profit de régimes autocratiques ! Selon la seconde, le sommet serait un échec, puisque les intentions des cinq pays membres sont incompatibles et que leur élargissement n’aboutira à rien.

L’issue du sommet démontre qu’il s’agit de mensonges délibérés, provenant en dernière analyse des intérêts financiers mondiaux centrés à Wall Street et à la City de Londres, qui savent que la fin de l’ordre « unipolaire » signifierait la fin de la domination du néolibéralisme qui assure leur survie. Pour ne donner que trois exemples de cette couverture médiatique :

  • L’article principal du Washington Post du 23 août était intitulé « Poutine et Xi font face à des obstacles dans leur tentative de transformer les BRICS en bloc anti-occidental ». Tout en reprenant des citations des présidents russe et chinois sur la lutte contre le néocolonialisme et pour donner à toutes les nations une « voix égale », il qualifie les BRICS de « structure superficielle » réunissant des nations disparates.
  • Pour le New York Times, la Chine cherche à « accroître sa propre influence », et « une Russie isolée a besoin de nouveaux alliés ». Les auteurs concluent que « les nations du groupe ont des intérêts très différents, ce qui rend difficile la recherche d’un terrain d’entente ». Sur l’expansion effectivement décidée, le quotidien new-yorkais n’a aucune explication à proposer.
  • Le titre le plus invraisemblable est celui du numéro de The Economist d’avant le sommet, qui affirmait : « Le bloc des BRICS est déchiré par les tensions ; le projet de la Chine d’élargir le club révèle la contradiction au cœur de ce bloc. »

Bien d’autres médias ont qualifié de purement « symboliques » les annonces faites à l’occasion de cet événement. Mais le grand absent de la couverture de ces organes est la discussion concernant l’intention des Cinq pays membres d’utiliser la Nouvelle banque de développement comme une institution de crédit vouée à financer le développement des infrastructures et les échanges – ce que le FMI refuse de faire depuis cinq décennies.

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