La BCE met en garde contre le krach qu’elle a elle-même provoqué

Montrant que si les banques centrales peuvent certes créer des dilemmes, elles ne sont pas pour autant capables de les résoudre, la Banque centrale européenne avertit, dans sa Revue de la stabilité financière de novembre, de l’arrivée d’un krach financier dû à sa propre politique. Si la banque continue à resserrer la politique monétaire, des « ajustements désordonnés » pourraient survenir, et si elle ne le fait pas, l’inflation échappera à tout contrôle.

Nous citons directement le rapport de la BCE : « Les conditions de stabilité financière dans la zone euro se sont encore détériorées, reflétant une hausse de l’inflation, des taux d’intérêt plus élevés, des perspectives de croissance plus faibles et une réévaluation des marchés financiers. Les pressions inflationnistes ont augmenté tant au niveau mondial que dans la zone euro depuis la publication de la précédente Revue de la stabilité financière, sous l’effet de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, et de leur répercussion sur les autres prix. Ceci a amené les principales banques centrales à modifier l’orientation de leur politique monétaire, contribuant au resserrement des conditions financières mondiales et à une volatilité accrue des marchés financiers. Le mélange d’une forte inflation et d’une hausse des taux d’intérêt a continué de peser sur la croissance économique dans de nombreuses économies avancées. Dans ce contexte, les probabilités de récession à un an ont nettement augmenté, tant dans la zone euro que dans les autres grandes économies avancées. »

Le rapport aborde aussi les « ajustements désordonnés » dus à sa politique de « Quantitative Tightening » (QT – « resserrement quantitatif ») : « Le risque d’ajustements désordonnés a augmenté avec la volatilité accrue des marchés, les effets d’entraînement sur les demandes de marge et la baisse de la liquidité dans certains segments de marché. L’importante réévaluation des prix sur les marchés financiers s’est traduite par une volatilité accrue des marchés, notamment — mais pas exclusivement — sur les marchés obligataires. En outre, certains signes de baisse de la liquidité du marché sont apparus sur les marchés des obligations d’entreprises de la zone euro, notamment pour les obligations à haut rendement. Les participants pourraient ainsi avoir plus de mal à ajuster leurs portefeuilles, à réévaluer leurs actifs ou à trouver des financements en période de tensions. En outre, les tensions sur les liquidités et les garanties, qui peuvent résulter de fortes variations de prix et de la volatilité qui déclenchent des appels de marge d’une ampleur inattendue, constituent un risque pour certains participants aux marchés de produits dérivés, comme on l’a vu récemment sur les marchés de produits dérivés sur matières premières de la zone euro et sur les marchés de la dette souveraine du Royaume-Uni. Cette combinaison d’évolutions rend les marchés plus vulnérables aux ajustements désordonnés. »

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