Joe Biden donne carte blanche à Netanyahou

Joe Biden « n’a jamais rencontré de guerre qu’il n’aimait pas », comme l’a souvent fait remarquer le colonel Richard H. Black (cr), ancien sénateur d’Etat de Virginie, rappelant qu’en tant que sénateur, Biden avait voté en faveur des deux guerres d’Irak et des interventions militaires en Syrie et en Libye. Aujourd’hui, il appuie sans réserve Israël dans le conflit avec les Palestiniens, en dépit du carnage provoqué.

Le conflit actuel a commencé comme d’autres dans le passé. Tout d’abord, suite à une décision de justice israélienne, des colons juifs radicaux ont saisi des maisons dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, appartenant à des familles arabes qui y vivent depuis plus de 50 ans et en seraient propriétaires depuis avant 1948. Le gouvernement intérimaire du Premier ministre Benjamin Netanyahu a ensuite pris la décision politique d’autoriser la poursuite des saisies pendant le Ramadan. Comme par le passé, cette mesure provoqua des tensions qui se propagèrent rapidement début mai à la mosquée Al- Aqsa, dans la vieille ville de Jérusalem, où l’intervention de la police israélienne contre les manifestants, sur le site même d’Al-Aqsa, déclencha une explosion de violence.

En outre, le 10 mai, des nationalistes israéliens avaient organisé un défilé à Jérusalem-Est pour célébrer le « Jour de Jérusalem », commémorant la prise de Jérusalem-Est lors de la guerre des Six Jours, en 1967. La violence se répandit rapidement en Cisjordanie, entraînant, comme on pouvait s’y attendre, une réponse de la part du Hamas, qui commença à tirer des roquettes sur Israël depuis la bande de Gaza. Les forces de défense israéliennes reçurent alors l’ordre de lancer leur plan de riposte, avec sa liste de cibles.

Pour obtenir un cessez-le-feu dans les conflits passés, il revenait toujours aux États-Unis de faire pression sur Israël (les Américains étant les seuls que les Israéliens écoutent), tandis que les Égyptiens et d’autres acteurs arabes, ainsi que la Russie, faisaient de même vis-à-vis des Palestiniens. Mais le président Biden a choisi de laisser à Israël toute liberté de décider à quel moment il jugera opportun de cesser les hostilités. C’est ainsi que Washington et Londres ont bloqué toute résolution onusienne, mentionnant ne serait-ce qu’une cessation des violences. Puis, le 17 mai, Biden renonçait au moyen de pression le plus puissant dont il dispose, en donnant son feu vert à un contrat d’armement de 735 millions de dollars avec Israël, consistant principalement en bombes JDAM (guidées par GPS), pour remplacer celles qui tuent aveuglément des femmes et des enfants palestiniens.

Or, contrairement aux précédents conflits, celui-ci a deux conséquences très graves pour Israël et la région. Pour la première fois depuis la guerre israélo-arabe de 1948, le territoire israélien proprement dit est secoué par des violences entre citoyens israéliens arabes et juifs, des bandes juives se battant dans les rues contre des bandes arabes, surtout dans le nord du pays qui compte la plus forte concentration de citoyens arabes israéliens. Cela suscite une grande inquiétude en Israël même.

Deuxièmement, cette violence conforte les efforts de Benyamin Netanyahou pour former un nouveau gouvernement sous sa direction, ce qui sonnerait le glas d’éventuels pourparlers de paix. Avant l’éclatement de ce conflit, Israël venait de tenir son cinquième scrutin en deux ans. Netanyahou ayant échoué à former un gouvernement de coalition, ce mandat fut confié à Yaïr Lapid, dirigeant du parti centriste Yesh Atid. Les négociations qu’il menait en vue de former une « coalition pour le changement » ont été suspendues jusqu’à la fin du conflit en cours, mais certains des partenaires potentiels ont déjà annoncé leur intention d’y renoncer. Si Lapid échoue, le Président israélien devra donner une nouvelle chance à Netanyahou ou convoquer de nouvelles élections.

Dans tous les cas, Joe Biden contribue à créer un avenir rempli de danger pour une région déjà terriblement instable.

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