Jacques Cheminade : sortir de la logique de la guerre, c’est possible

Nous reprenons dans son intégralité la déclaration faite le 10 avril par Jacques Cheminade, sous le titre « Moment de vérité ».

Grant Shapps, secrétaire d’État à la Défense britannique, vient de résumer le moment de vérité que nous vivons : nous passons d’une ère d’après-guerre à une ère d’avant-guerre. Le peuple ressent confusément le terrible danger alors que nos dirigeants politiques opèrent, eux, selon les postulats dominateurs qui ont permis leur ascension et sont devenus ceux d’hier ou d’avant-hier. Ce que j’écris ici s’adresse donc d’abord à notre peuple.

Guerre, guerre, économie de guerre ! le mot est partout. Emmanuel Macron en fait un usage presque quotidien mais c’est pour nous faire avaler des mensonges. Sans dire que les pays occidentaux mènent en Ukraine une guerre par procuration, dans laquelle les morts, le sang et les larmes sont pour eux et les images pour nous.

On substitue des narratifs à la vérité de l’histoire. On ne veut pas voir que le 7 octobre a été un acte terroriste de résistance, engendré par des dizaines d’années de prison à ciel ouvert. Surtout, que la réaction de Netanyahou et sa bande de voyous messianistes réunit toutes les conditions d’un génocide. On verse des larmes de crocodile sur les victimes sans remettre en cause une « communauté internationale » qui n’a rien fait et ne fait rien pour faire respecter les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU. Le gouvernement américain les déclare « non contraignantes », donnant ainsi raison à ceux qui ne les ont jamais respectées.

Le résultat est que le droit international est bafoué et que la guerre, pour de bon et pour de vrai, vient à nous. L’armée israélienne frappe le consulat iranien à Damas, des humanitaires sont assassinés à Gaza par des bombes de haute précision, des attentats terroristes sont organisés en Russie, la mission diplomatique mexicaine est envahie par la police équatorienne pour s’emparer d’un vice-président qui s’y était réfugié. Pendant que s’étend la loi de la jungle, chez nous on prévoit des mesures de censure jusque dans notre vie privée, à la recherche « d’ingérences étrangères » à sens unique.

Nous sommes arrivés à ce moment de vérité qui précède la guerre de tous contre tous, jusqu’à ce qu’un jour se déclenche le feu nucléaire, faute de combattants pour un monde meilleur.

Nous voulons ici susciter ces combattants de la paix. La guerre vient lorsque les nations dégénèrent en filiales d’oligarchies financières, se soumettant à leur occupation. Elles deviennent alors la proie d’un système de fausse monnaie. Pour le comprendre, il suffit de voir qu’en Bourse, on conseille de jouer non plus sur des actions, mais sur les écarts entre monnaies et taux d’intérêt ! Incapable de produire à long terme des biens physiques et des services utiles aux êtres humains, ce système produit des armes pour imposer son ordre stérile en tuant et en promouvant des addictions qui aveuglent.

Il faut en sortir en rétablissant des règles de droit à partir de principes. C’est simple au départ : considérons notre passé et mesurons les progrès que nous avons accomplis. L’homme est humain parce qu’il est capable de faire le bien. Alors, retroussons-nous les manches et laissons le pessimisme au vestiaire. Les deux fondements de la paix sont la sécurité et le développement mutuel. Le potentiel existe : celui des pays du Sud global qui réclament l’indépendance économique et leur droit au développement. « Le Sud global est une grande imposture idéologique et une aberration géopolitique », nous affirme un certain Gilles Kepel dans Le Figaro ? C’est qu’il pense avec les critères d’hier et d’avant-hier. Nous lui répondons : c’est la géopolitique et son ordre financier qu’il faut enterrer ! En le faisant avec l’arme de la raison qui passe par le cœur, car je suis convaincu qu’un jour Julian Assange, Georges Ibrahim Abdallah et Marwan Barghouti seront libérés et que Juifs et Palestiniens pourront œuvrer ensemble, à condition que celui qui est apparemment fort agisse pour l’avantage de l’autre, dans une maison commune.

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