Jacques Cheminade: le véritable enjeu de la campagne présidentielle en France

Sous le titre « Volonté politique », Jacques Cheminade, président de Solidarité & Progrès en France, a consacré son dernier éditorial paru dans Nouvelle Solidarité à l’élection présidentielle du 10 avril prochain (https://solidariteetprogres.fr/nos-actions-20/analyses/volonte-politique.html). Nous le publions ci-après:

Il est de plus en plus évident que, sauf manifestation d’une volonté qui lui redonne un sens, l’élection présidentielle se déroule dans un environnement contrôlé et destructeur. Après avoir brutalement réprimé les Gilets jaunes, la « macronie » suit les courbes de circulation du virus à des fins bassement politiciennes en faisant du vaccin une arme politique. L’extrême-droite et par contamination une partie de la droite font campagne sur le rejet identitaire de l’autre, sans remettre en cause le régime financier qui désintègre la société. Les gauches, quand elles ne se livrent pas un combat fratricide, s’évadent dans des généralités pompeuses sans substance ou s’égarent dans des mesures et un langage technocratiques. Tous, consciemment ou pas, collaborent à une destruction des solidarités sociales et donc des fondements de notre République.

C’est pourquoi l’équipe de Solidarité & Progrès, qui s’est battue jusqu’à présent sans succès pour une union des souverainistes républicains, soutient la candidature aux élections présidentielles de Georges Kuzmanovic, qui porte l’espérance d’un sursaut. Avec de Gaulle et Jaurès, il appelle, comme nous-mêmes le faisons depuis longtemps, à une coïncidence des patriotismes, nécessaire dans la tourmente, comme aux moments de la Résistance et de la France Libre. Il ne s’agit évidemment pas de refaire l’histoire mais d’aller au fond des choses. Avec la conviction qu’une injustice où que ce soit dans le monde est une menace pour la justice partout. Et l’engagement de se battre pour des Jours Heureux, non pour faire briller des mots mais pour se donner les moyens de redonner l’art et la science au peuple.

Car le véritable sujet politique de notre époque est que le capitalisme financier mondialisé a non seulement cherché à maximiser ses profits en délocalisant vers les salaires et les coûts les plus bas, mais qu’il a, comme le montre bien un Jacques Rancière, balayé les fondements de la classe ouvrière en créant des viviers de travailleurs dispersés et précarisés, seuls et dépourvus face à des États collaborateurs de l’oligarchie financière. Nous ne sommes pas pessimistes pour autant (nous pensons même que le pessimisme est un confort intellectuel) et nous attendons quelque chose de cette élection présidentielle.

Quoi ? Attaquer précisément ce système à son point de faiblesse et rétablir l’espérance d’un monde où l’on puisse vivre autrement.

Le point de faiblesse de nos ennemis est que leur ordre repose sur une pyramide financière spéculative, l’émission constante de fausse monnaie sans rapport réel avec la production. Ce n’est plus la guerre des salariés contre les patrons pour la répartition des productions, mais c’est celle de forces financières incapables de produire contre tous, excepté leur minorité. Ce système n’a que deux possibilités : continuer à pratiquer l’hyperinflation, aboutissant au chaos social, ou fermer la planche à billets électronique et provoquer une réaction en chaîne de faillites. Echapper à ce dilemme ne peut se faire, au sein de ce système, que par le recours à la guerre pour établir sa domination.

L’on doit en sortir en dévoilant sa manière d’opérer, en rassemblant contre lui les forces productives et surtout en mobilisant tous ceux qui sont capables de penser et d’agir en égaux. Notre réflexion sur une séparation bancaire, la création d’une vraie Banque nationale et d’un système de crédit public avec un Plan national associant les forces créatrices, porte ce projet. Sans tomber du ciel des idées toutes faites, il vise à mobiliser les abstentionnistes, à faire en sorte que ces Français, censés avoir peur de bouger et se soucier uniquement de leurs petites affaires, se mettent à faire exactement le contraire, pour le bien commun, leurs enfants et leurs petits-enfants.

La candidature de Georges Kuzmanovic est en ce sens provocatrice : elle est pour nous un brûlot qui vise à la participation de tous à la vie politique et non au théâtre qu’est jusqu’à présent cette campagne.

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