Israël, Hamas, Iran : que cherche l’administration Biden au Moyen-Orient ?

Le 24 mai, veille du départ du secrétaire d’État américain Antony Blinken pour une tournée au Moyen-Orient, un porte- parole du département d’État avait annoncé que le diplomate s’efforcerait « principalement de faire en sorte que le
cessez-le-feu tienne ». Blinken lui-même avait déclaré le 23 mai à CNN que l’objectif des États-Unis, chapeauté par le pré sident lui-même, était de « mettre fin à la violence ». Si tel est l’objectif, on peut se demander pourquoi Joe Biden a attendu onze jours avant de faire monter la pression sur le gouvernement Netanyahou pour arrêter l’offensive dévastatrice sur Gaza. Les attaques israéliennes ont tué plus de 260 Palestiniens, dont une soixantaine d’enfants, détruit les logements de plus de 77 000 personnes, laissé la plupart des habitants sans électricité et plus de 800 000 sans accès à l’eau potable.

La tournée d’Antony Blinken l’aura conduit en Israël, en Cisjordanie, en Jordanie et en Égypte. Selon une déclaration du président Biden, le 24 mai, son secrétaire d’État devra diriger un « effort international coordonné, visant à garantir que l’assistance immédiate parvienne à Gaza d’une manière qui profite à la population locale et non au Hamas ». Du fait que le Hamas est le gouvernement élu des habitants de Gaza, on ne voit pas comment la reconstruction de la ville bombardée pourrait se faire sans coordination avec ce gouvernement, et dans des conditions où Israël s’opposerait à tout effort dont pourrait profiter le Hamas ! Joe Biden a également précisé qu’il ne ferait aucun effort pour relancer un « processus de paix », l’un de ses collaborateurs expliquant que c’est parce qu’une telle tentative aurait peu de chances d’aboutir…

L’attitude envers le Hamas nous amène à un autre problème plus vaste pour l’actuelle administration américaine, directement lié à la question de l’Iran. Le président Biden envisage la relance éventuelle du plan d’action global conjoint (JCPOA) avec la République islamique, dont les Etats-Unis de Donald Trump s’étaient retirés en 2018. Les opposants républicains de Biden affirment que son ouverture à une possible reconduction de l’accord a encouragé les « radicaux » sur place, qui ont à leur tour incité le Hamas (décrit comme une marionnette de Téhéran) à lancer des provocations. Ces républicains reprochent donc à Joe Biden de ne pas soutenir suffisamment Israël face au « terrorisme téléguidé par l’Iran ». Quant aux démocrates, la majorité d’entre eux réclame un soutien inconditionnel à Israël, ce qui correspond à la position fermement pro-israélienne défendue par Biden durant toute sa longue carrière politique.

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