Inflation : quand les banques centrales jouent avec le feu

L’inflation est désormais une réalité internationale. Fin avril, les prix à la consommation avaient augmenté de 2 % dans la zone euro (de 2,5 % en Allemagne), de 3,3 % en moyenne dans l’OCDE et de 4,2 % aux Etats-Unis. Le score de l’Euro zone pose un défi à la BCE qui avait fixé comme objectif une inflation « proche, mais en dessous de 2 % », amenant à se demander si la banque de Francfort allait modifier sa politique monétaire.

La réponse est non. Un resserrement opéré par la BCE ou la Réserve fédérale ferait éclater la bulle des actifs, entraînant la chute de tout le système financier. Dans le cadre du système actuel, comme Lyndon LaRouche ne cessait de le souligner, les banques centrales ont pour seule option de faire tourner la planche à billets pour empêcher un effondrement en chaîne.

Malgré cela, la Fed et la BCE assurent que la vague inflationniste n’est que transitoire. Par conséquent, d’une manière ou d’une autre, on en arrivera à une explosion hyperinflationniste. Rappelons que la plus célèbre flambée d’hyperinflation des temps modernes, celle de la République de Weimar, fut, elle aussi, qualifiée de « transitoire ». L’inflation se poursuivit pendant deux ans avant d’atteindre, en moins d’un an, un pourcentage à neuf chiffres !

Depuis le secteur des actifs financiers, l’inflation a déjà gagné les prix des matières premières. Ainsi, l’indice des commodities Bloomberg se situe à près de 95, contre 65 il y a un an. Le cuivre et l’acier, mais aussi le palladium (+ 41 %) et l’argent (+ 63 %) atteignent un niveau record ; le prix du bois a quadruplé en an, celui du pétrole a doublé, tirant vers le haut essence, plastique, isolants et bitume (+ 16 %), tandis que les prix des biocarburants explosent (+ 107 % pour le maïs et + 47 pour la canne à sucre).

Dans le bâtiment, les coûts des matériaux de construction menacent la survie du secteur, beaucoup d’entreprises n’étant plus en mesure d’assumer les coûts de contrats conclus il y a quelques années. Néanmoins, les gouvernements européens semblent prêts à laisser la « destruction créatrice » suivre son cours.

Dans ce contexte, le président du Bundestag, Wolfgang Schäuble (ancien ministre allemand des Finances), a fait republier dans le Financial Times du 3 juin un article paru le 16 avril sur le site Project Syndicate. Mettant en garde contre le risque d’inflation due à l’endettement grandissant des gouvernements, il appelle à un mécanisme visant à imposer l’austérité fiscale aux pays endettés de l’UE. Pour étayer son argument, il évoque à tort Alexander Hamilton, le premier Secrétaire au Trésor des Etats-Unis, comparant son propre plan à la proposition de celui-ci pour désendetter les Etats réunis dans la « confédération » des Etats-Unis.

Or, d’une part, l’UE n’est pas une confédération (ou pas encore), ce qui invalide en soi son argument. D’autre part, on ne peut pas isoler un aspect relativement secondaire du concept hamiltonien de son élément essentiel : un système de crédit national émis par une Banque nationale, ayant pour objectif de développer les manufactures et d’assurer une politique commerciale protectionniste.

La proposition de Wolfgang Schäuble a néanmoins le mérite de renforcer les rangs des opposants à la dérive de l’Union européenne.

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