Helga Zepp-LaRouche : appliquer les principes du Traité de Westphalie à l’Asie centrale
« En Afghanistan, nous sommes à un moment précieux pour l’histoire du pays, autant que pour l’histoire universelle. Durant de longues périodes, les États et les peuples ne font que se débrouiller et suivre les tendances. Un jour, il y a ce que l’on appelle en allemand Sternstunden der Menschheit -des moments magiques de l’histoire -où il est possible de changer complètement de paradigme. Cela dépend de la qualité des dirigeants et des idées dominantes : soit ce potentiel est gaspillé et tout finit en tragédie, soit ce moment est mis à profit et un avenir brillant s’ouvre pour le pays.
« Je pense qu’avec le retrait des troupes des États-Unis et de l’OTAN, une telle situation s’est ouverte en Afghanistan. Lorsque le président Kennedy était en conflit avec ses conseillers sur ce qu’il fallait faire au Vietnam, le général MacArthur lui avait conseillé : ‘Ne jamais faire de guerre terrestre en Asie.’ Il est désormais évident, même pour les bellicistes, qu’en Afghanistan, aucune solution militaire ne peut réussir.
« Il faut reconnaître que toutes ces guerres sans fin (Vietnam, Afghanistan, Irak, Libye, Syrie, etc.), appartiennent à un paradigme de pensée géopolitique qui a totalement échoué. La géopolitique du Grand échiquier de l’Empire britannique, celle de l’Arc de crise de Bernard Lewis et de Zbigniew Brzezinski, doivent être proscrites à jamais. Et tous les voisins de l’Afghanistan doivent se mettre d’accord pour en finir avec la manipulation géopolitique et la remplacer par l’application des cinq principes de la coexistence pacifique. (…)
« Dans tous les grands conflits récents et les nombreux débats sous les auspices de l’ONU, il y a toujours eu un malentendu majeur. C’est l’idée qu’on doit d’abord faire la paix et seulement après, lancer le développement. Mon défunt mari, Lyndon LaRouche, soulignait qu’il fallait adopter l’approche inverse. Il faut d’abord se donner une perspective claire de développement économique, avec « des pelleteuses creusant le sol » et « des engins de terrassement pour construire des chemins de fer, des systèmes d’eau et des hôpitaux », afin de donner aux différentes factions et à la population dans son ensemble l’espoir d’un avenir meilleur et que la volonté d’instaurer une confiance mutuelle dans le processus de dialogue national puisse s’accomplir.
« Contrairement à l’opinion défendue par Henri Kissinger, les principes de la paix de Westphalie sont bel et bien applicables au Moyen-Orient et à l’Asie centrale. (…) Le plus important d’entre eux étant que, pour assurer la paix, il faut premièrement que toute politique étrangère, et toute politique en général, soient basées sur l’amour et la prise en compte de l’intérêt d’autrui. Deuxièmement, tous les crimes qui ont été commis au cours de la guerre par l’un ou l’autre camp doivent être effacés. Et troisièmement, dans la reconstruction des pays, l’État doit jouer un rôle de premier plan. C’est cette conception qui a donné naissance à la méthode économique des ‘caméralistes’ » et qui a renforcé en France les courants mercantilistes. Helga Zepp-LaRouche a également souligné la nécessité pour les Occidentaux de mieux connaître ces civilisations d’Asie centrale, vieilles de 5000 ans. Explorer ce passé, en déterrant la mémoire de cette grande civilisation, pourrait être l’une des grandes tâches communes menant à un dialogue des meilleures traditions et contributions de toutes les civilisations à l’histoire du monde.