Face à l’hyperinflation qui se profile, les banques centrales sont désemparées

Si Warren Buffett vous avertit qu’une vague d’inflation de longue durée arrive, tandis que le chef de la Réserve fédérale vous dit de ne pas vous inquiéter, qu’elle ne sera que transitoire, qui allez-vous croire ? Certes, ni Buffett ni Jerome Powell ne sont des économistes compétents, mais alors que le fonds Berkshire Hathaway du premier compte dans son portefeuille de nombreuses entreprises actives dans l’économie réelle, Powell ne se préoccupe que de maintenir à flot la bulle financière — ce qui ne porte pas à dire la vérité !

Répondant à une question lors d’une réunion d’actionnaires le 1er mai, Buffett a déclaré : « Nous, nous augmentons les prix. Les autres nous font payer plus cher. Et c’est accepté. » Autrement dit, ce n’est pas temporaire. Vous êtes très actifs dans la construction de logements, a-t-il poursuivi. « Les prix continuent de monter, monter, monter. Les coûts de l’acier, vous le savez, augmentent chaque jour. (…) Si vous achetez de l’acier chez General Motors ou ailleurs, vous payez davantage tous les jours. »

Sur la durée de la pression inflationniste, Warren Buffett est catégorique : « Cela ne va tout simplement pas s’arrêter. Les gens ont de l’argent en poche et ils paient le prix fort. (…) L’inflation est bien plus présente qu’on ne l’aurait anticipé il y a environ six mois. »

Alors que la spéculation financière continue de plus belle et que la hausse des prix des matières premières se répercute sur les coûts de production et la consommation, personne ne peut plus nier l’imminence d’une vague inflationniste. Mais conformément à la ligne des banques centrales et pour ne pas provoquer de changement de la politique monétaire, on prétend qu’il s’agit d’un phénomène « transitoire ». Entre-temps, on tente de colmater les brèches en créant une bulle « verte » à hauteur de 30 000 milliards de dollars.

La crainte d’un krach centré sur les actions et les obligations de sociétés est reflétée dans le Rapport sur la stabilité financière 2021, publié le 6 mai par la Réserve fédérale. La vice-présidente de la banque, l’économiste Lael Brainard, attire l’attention sur la faillite du fonds Archegos qui continue de faire des vagues, suite à la liquidation de quelque 50 milliards de dollars de valeurs boursières sur les Bourses internationales et aux pertes infligées aux grandes banques, pouvant atteindre jusqu’à 100 milliards de dollars.

« La combinaison de valorisations tendues et de niveaux très élevés d’endettement des entreprises est à surveiller, note Brainard, en raison du potentiel d’amplification des effets d’une réévaluation des prix. » Le rapport lui-même souligne les possibilités que les institutions financières non bancaires, comme les hedge funds et autres investisseurs à effet de levier, provoquent des pertes importantes pour l’ensemble du système financier. C’est à peu près le maximum qu’un banquier puisse dire sans déclencher carrément la panique.

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