Entretiens Biden-Poutine, les relations restent tendues, malgré quelques progrès

A un moment où les dirigeants russes et américains reconnaissent que leurs relations bilatérales sont « au plus bas » depuis des années, le moindre changement est scruté de très près et suscite une pléthore de spéculation. Tel est le cas de l’entretien téléphonique du 9 juillet entre les présidents Poutine et Biden, faisant suite à leur sommet du 16 juin à Genève. Très peu a filtré dans les médias sur le contenu de la discussion, qui a duré plus de trois heures et demi, mais des initiatives ont été prises sur au moins deux sujets.

Selon un communiqué de l’administration américaine, Joe Biden a demandé à son homologue russe d’agir contre les attaques par « rançongiciel » en provenance de Russie contre des entreprises américaines. (Un « rançongiciel », ou ransomware en anglais, est un logiciel qui entre dans un ordinateur pour en crypter les données, puis réclame à la victime une rançon pour obtenir la clé de déchiffrement.) Biden a déclaré à la presse avoir bien signifié à Poutine que « si une opération de rançongiciel est menée depuis le territoire russe, même si elle n’est pas… parrainée par l’État », les Etats-Unis s’attendent à une action de sa part « si nous lui donnons suffisamment d’informations ». Selon certains médias, Poutine a accepté le cas échéant de faire enquêter sur ces accusations, tout en précisant qu’il ne disposait d’aucun élément tendant à prouver une provenance russe.

Une commission conjointe russo-américaine a été mise sur pied pour enquêter sur ce genre d’attaques, dont la première réunion se tiendra le 16 juillet. La porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a toutefois reconnu que la communauté du renseignement n’est pas sûre de l’origine russe des attaques. Le président Biden a déclaré que, sur ce sujet, la discussion « s’est bien passée, je suis optimiste ».

Le deuxième sujet majeur de l’entretien était la Syrie. Le jour même, le Conseil de sécurité de l’ONU a enfin pu adopter une résolution sur la distribution de l’aide humanitaire en Syrie, après révision de la position américaine (voir ci-dessous). Par ailleurs, selon certaines rumeurs, le gouvernement syrien et les Kurdes soutenus par les États-Unis pourraient engager bientôt des négociations, menant au retrait éventuel de toutes les troupes américaines encore présentes en Syrie.

Contrecarrant ces petits pas de coopération, Washington vient d’imposer de nouvelles sanctions contre six entreprises russes, accusées d’avoir tenté de se procurer des composants électroniques, destinés « probablement » à des programmes militaires russes. Ce « probablement » implique, comme d’habitude, l’absence de toute preuve tangible.

Et même si les jeux de guerre Sea Breeze de l’OTAN en mer Noire ont pris fin, les Russes les considèrent comme des provocations portant atteinte à leur sécurité. D’autant plus que la marine ukrainienne a participé aux manoeuvres. L’adhésion espérée de l’Ukraine à l’OTAN a été définie par Moscou comme une « ligne rouge » à ne pas franchir.

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