Des responsables reconnaissent que « nous ne pouvons pas vaincre militairement la Russie »

L’échec complet de la contre-offensive ukrainienne contre la Russie n’est plus contesté par les décideurs américains, du moins en privé. Mais ce n’est pas pour autant que les dirigeants politiques occidentaux, à commencer par le président Biden, cherchent à mettre fin à la tuerie et à la destruction insensées par voie diplomatique. Au contraire, ils continuent à injecter de plus belle argent et équipements militaires dans cette guerre.

Ainsi, la Maison Blanche vient d’approuver la livraison de F-16 à l’Ukraine par les Pays-Bas et le Danemark (des avions de combat que ces pays s’apprêtaient de toute façon à remplacer par des appareils plus modernes), à grand renfort de battage médiatique. Or, le commandant des forces aériennes américaines en Europe et en Afrique, le général James Hecker, a déclaré aux journalistes le 18 août que, bien que plus performants que ceux dont dispose Kiev, ces F-16 ne sont en aucun cas une « solution miracle » permettant aux Ukrainiens de déjouer le système de défense aérienne russe.

Entre-temps, la nervosité croissante des cercles informés à Washington, face à l’échec de la tentative d’utiliser l’Ukraine pour vaincre la Russie, se reflète dans bon nombre de fuites récentes, comme le montrent les exemples suivants :

  • Selon une évaluation secrète de la communauté du renseignement américain, divulguée dans le Washington Post du 17 août, l’offensive ukrainienne devrait manquer son objectif principal, à savoir percer jusqu’à Melitopol et couper la route terrestre de la Russie vers la Crimée. Cette « sombre évaluation est fondée sur la compétence brutale de la Russie à défendre les territoires occupés », ajoute le Post. Elle devrait soulever de nombreuses questions dans les capitales occidentales « sur les raisons pour lesquelles une contre-offensive soutenue à coup de dizaines de milliards de dollars d’armes et d’équipements militaires occidentaux n’a pas atteint ses objectifs ».
  • Politico du 18 août cite, sans le nommer, un haut responsable américain qui reconnaît que le gouvernement pourrait avoir « manqué une opportunité » de promouvoir des négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine, et que le chef de l’état-major Mark Milley « n’avait pas tort » de dire l’année dernière que Kiev avait peu de chances de l’emporter. Selon Politico, le président Biden et le secrétaire d’État Antony Blinken, contre l’avis de certains dans l’armée et les services de renseignement, ont vigoureusement rejeté toute idée de négociations.
  • Sur son blog Substack, le 17 août, le journaliste d’investigation Seymour Hersh cite un responsable du renseignement américain affirmant que la CIA avait averti Blinken de l’échec programmé de la contre-offensive ukrainienne, ajoutant que Kiev « ne gagnerait pas la guerre ».
  • Au Congrès américain, l’opposition à allouer de nouvelles dépenses militaires pour Kiev augmente, en particulier chez les conservateurs mais pas seulement. C’est le cas du député républicain Andy Harris, un ardent partisan de Kiev jusqu’à présent et coprésident du Congressional Ukraine Caucus, qui n’approuvera pas d’aide supplémentaire sans audit. Invoquant le risque de déclencher une « troisième guerre mondiale », il a appelé à ouvrir des entretiens sur un règlement diplomatique.
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