Depuis le départ des Etats-Unis, l’Afghanistan élimine la production de l’opium

Le gouvernement afghan a réussi à réduire de 80 % la production d’opium cette année. Dans la province de Helmand (qui en fournit environ 60 à 70 %), la culture du pavot n’occupe plus que 1000 hectares au maximum, réduction dépassant toutes les précédentes restrictions, y compris celle de 2000-2001.

« C’est une information cruciale, a déclaré Pino Arlacchi, l’ancien directeur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (de 1997 à 2002), lors du séminaire de l’Institut Schiller organisé le 10 juin (voir ci-dessus), car l’Afghanistan produit plus de 90 % de l’héroïne consommée en Europe. Ceci aura des effets spectaculaires dans les mois à venir sur le marché de la drogue dans toute l’Europe. Ce développement confirme ce que j’avais dit à propos de 2001, à savoir que l’intervention des forces armées américaines avait eu un effet très négatif sur [la réduction de] la production de pavot à opium. »

Pino Arlacchi faisait ainsi allusion au programme mené en 2000-2001 par l’ONUDC, dans le cadre duquel le gouvernement des Talibans interdisait la production d’opium en échange d’une aide destinée à promouvoir d’autres cultures. Résultat, les champs d’opium avaient été presque éliminés dans tout le pays.

Mais en septembre 2001, « les États-Unis ont envahi l’Afghanistan et la première chose qu’ont faite M. Rumsfeld [le secrétaire américain à la Défense de l’époque] et ses amis, fut de conclure un accord avec les seigneurs de la guerre qui contrôlaient la production de drogue, afin, prétendument, de lutter contre le terrorisme en Afghanistan. Cet accord revenait à donner le feu vert à la production de stupéfiants, les Talibans étant alors complètement hors-jeu, et la production de drogue repartit en flèche. »

Pour revenir à la situation actuelle : après le retrait des forces américaines d’Afghanistan et l’arrivée au pouvoir des Talibans en août 2021, leur chef de file, Hibatullah Akhundzada, a publié en avril 2022 un décret interdisant la culture du pavot à opium. Les champs où poussait le pavot sont désormais consacrés à la culture de céréales.

David Mansfield, spécialiste du trafic illicite de stupéfiants en Afghanistan, a étudié cette situation de près. S’appuyant sur des images satellites, il confirme que la culture du pavot a été ramenée aux niveaux de 2001. Selon la BBC, Mansfield estime qu’il « est probable que la culture sera inférieure à 20 % de ce qu’elle était en 2022. L’ampleur de la réduction sera sans précédent ».

La BBC a par ailleurs noté le 7 juin que sa propre enquête en Afghanistan, en particulier dans les provinces de Nangarhar, Kandahar et Helmand, ainsi que d’autres études d’images satellites, confirment la diminution marquée de la culture du pavot. Alcis, une société britannique spécialisée dans l’étude des images satellite, a même constaté une réduction de 99 % dans la province d’Helmand.

L’élimination de la production du pavot à opium en Afghanistan est un aspect essentiel de l’initiative « Ibn Sina » prise par l’Institut Schiller pour la reconstruction du pays et son intégration dans l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route ».

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