Dédollarisation et sanctions au programme du Forum de Saint-Pétersbourg

Après plus d’un an de dommages économiques dus à la pandémie, l’édition 2021 du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, du 2 au 5 juin, a battu tous les records, tant par le nombre de participants que par la valeur totale des marchés conclus. L’un des thèmes revenant dans bon nombre de sessions était le rejet implicite (et dans certains cas, très explicite) de l’unilatéralisme occidental, surnommé « l’ordre international fondé sur les règles ». Et, partant, le refus d’accepter les diktats d’une Grande Réinitialisation destinée à sau ver le système financier (et non la planète…).

Un panel ayant particulièrement retenu notre attention, le 3 juin, présidé par le Club de Valdai, traitait du fait que l’application illégale de sanctions unilatérales par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’UE est devenue si courante que plusieurs grands pays, notamment la Russie et la Chine, explorent différentes possibilités de sortir du système financier international dominé par le dollar américain.

Le vice-ministre des Finances russe, Vladimir Kolychev, fit remarquer qu’à cause de ces sanctions illicites, « un nouveau système financier mondial est en train d’émerger. Cela ne se fera pas du jour au lendemain mais c’est inévitable. Ce sont les pays victimes de sanctions qui le mettront en place. » On assiste déjà à un retrait des structures existantes, a-t-il ajouté, vu les incertitudes liées à l’utilisation du dollar américain.

En effet, Washington prétend avoir le droit de sanctionner tout pays, entreprise et individu du monde entier, dès lors que ceux-ci utilisent le système du dollar pour leurs transactions commerciales (ce qui couvre la quasi totalité des échanges), même s’ils n’ont rien à voir avec les États-Unis. Alors qu’en 2019, le commerce mondial de la Russie se faisait encore à 80 % en dollars, nota Kolychev, ce chiffre n’est plus que de 50 %. En outre, seulement 20 % des réserves russes sont encore en dollars.

L’Union européenne n’a pas été épargnée par les critiques. Selon l’ambassadeur russe auprès de l’UE, Vladimir Chizhov, qui s’est également exprimé lors de cette session, Bruxelles impose désormais des sanctions contre 32 pays. L’UE prétend que c’est une mesure de « dernier recours », déclara l’ambassadeur, « mais hélas, ce n’est pas vrai, c’est plutôt son premier choix ». Seules les sanctions approuvées par le Conseil de sécurité de l’ONU sont légales en vertu du droit international, at- il ajouté, comme l’ont fait d’autres intervenants. Par ailleurs, Vladimir Chizhov a souligné que les relations entre l’UE et la Russie sont pratiquement au point mort, comme en témoigne l’absence (ou presque) de tout haut responsable de l’Union au Forum, et ce « pour des raisons politiques ».

Dans ce contexte, on notera que le président Biden a décidé de ne pas imposer de sanctions contre le projet de gazoduc Nord Stream 2. Toutefois, de nombreux Européens craignent un revirement de sa part dès la prochaine escalade géopolitique contre la Russie.

Si cette volonté de sortir du système financier dominé par le dollar est compréhensible, la mise en place de systèmes rivaux et de blocs commerciaux concurrents n’est pas une solution viable. On doit plutôt opter pour une coopération internationale basée sur les « Quatre principes » énoncés par Lyndon La- Rouche, qui seront abordés lors de la conférence de l’Institut Schiller des 26 et 27 juin.

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