Chatham House : pas de négociations avant la défaite de la Russie

Alors que certains responsables de pays membres de l’OTAN ont laissé entendre qu’il serait peut-être temps d’envisager des négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine, un contre-ordre est venu d’une grande institution britannique proche du renseignement : pas question de négocier tant que la Russie ne sera pas totalement vaincue et humiliée. Lors d’une table ronde organisée le 6 décembre à l’Institut royal des Affaires internationales (RIIA, ou Chatham House), deux russophobes de longue date ont affirmé que les « intentions impériales » de Moscou interdisent toute conclusion d’un accord. L’impression donnée lors de l’événement (intitulé « La guerre de la Russie contre le monde entier ») est que le « caractère national » de la Russie est foncièrement barbare et qu’elle ne peut négocier de bonne foi. (Entre parenthèses, la récente confession d’Angela Merkel (voir ci-dessous) montre quelle confiance on peut faire à l’Occident).

Le problème, selon Edward Lucas, « c’est la façon de pensée de la Russie. (…) Nous jouons aux jeux russes selon les règles russes ». La Russie déploie un arsenal de guerre hybride, joue à diviser pour mieux régner entre les États-Unis et l’OTAN, et répand de la désinformation, affirme cet ancien rédacteur en chef de l’Economist de la City et actuel chroniqueur du Times.

Pour l’autre intervenant, Keir Giles, du RIIA, Moscou croit « avoir droit à un Empire » et était déjà en guerre contre l’Ouest pendant l’ère de Boris Eltsine. Tous deux estiment que seul le retour à la géopolitique impériale britannique permettra de protéger le monde de la barbarie russe. Lucas a fait valoir que le problème en Occident, exploité par Poutine, c’est que pendant la Guerre froide, « nos services diplomatiques et de renseignement étaient vraiment efficaces », mais « nous avons détruit cela, parce que nous croyons que la géopolitique ne s’applique plus… »

Keir Giles écrit, dans son livre Moscow Rules : What Drives Moscow to Confront the West, qu’il est erroné de considérer la Russie comme un pays occidental : « Les idéaux, valeurs, espoirs, craintes, motivations et préjugés partagés par de nombreux Russes (…) sont différents de ceux de l’Occident ou leur sont étrangers. »