Bruxelles devrait demander à l’opposition ce qu’elle pense de la démocratie en Ukraine

Suite à la décision du Conseil de l’UE d’accorder à l’Ukraine le statut de candidat à l’adhésion, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est rendue à Kiev le 1er juillet pour dicter aux intéressés les « réformes » à mettre en œuvre pour faire aboutir leur candidature. Dans son discours devant le Parlement, elle s’est félicitée des progrès de la « démocratie ». « Vous avez parcouru un chemin incroyable depuis 2014. Vous avez fait le choix résolu d’être une démocratie et de vivre dans un État de droit. »

Elle n’a pas mentionné (et ne l’a jamais fait) les néonazis et autres extrémistes nationalistes qui occupent des postes clés dans le pays, l’interdiction des partis d’opposition, la chasse aux sorcières contre la culture russe, ni la transformation des tribunaux ukrainiens en instrument politique. Apparemment, du point de vue de l’UE, tout cela ne compte pas dès lors que le régime est antirusse.

Rappelons que le 20 mars 2022, le président Volodymyr Zelensky avait suspendu onze partis, dont la Plateforme d’opposition – Pour la vie, du député Viktor Medvedtchouk (arrêté depuis), qui détenait 10 % des sièges au parlement (Rada), et le Parti socialiste progressiste d’Ukraine, dirigé jusqu’à son interdiction par Natalia Vitrenko et Volodymyr Marchenko, alliés de longue date de l’Institut Schiller. Puis, le 3 mai, la Rada a adopté une loi interdisant les « partis pro-russes », que Zelensky a signée le 14 mai. Jusqu’à présent, 14 partis ont été interdits et ordre a été donné de confisquer leurs biens.

En application de cette loi, le ministère de la Justice et le Service de sécurité de l’Ukraine (SBU) ont engagé des poursuites contre chaque parti frappé d’interdiction, auprès d’une cour d’appel de Lviv. Or, les avocats de la défense sont de fait dans l’impossibilité d’intervenir… Le PSPU est le seul parti à avoir déposé une plainte en contrepartie, qui fut rejetée le 23 juin. Citant des violations de la présomption d’innocence, de la protection contre l’application rétroactive des lois et de nombreux précédents établis par la Cour européenne, son objectif réfute point par point les accusations, dont celle d’un financement étranger.

Autre parti interdit, le Parti de Shariy a été fondé par Anatoly Shariy, un blogueur ukrainien bien connu qui lutte depuis longtemps contre la corruption et le néonazisme en Ukraine, et vit aujourd’hui en exil en Espagne. Le 29 juin, il a mis en ligne une vidéo de 20 minutes, sous-titrée en anglais, qui explique bien les parodies de justice du tribunal de Lviv. Nous recommandons cette vidéo à quiconque s’inquiète de la « démocratie » en Europe et ailleurs.

Natalia Vitrenko et Volodymyr Marchenko ont tous deux signé l’appel de l’Institut Schiller à convoquer une nouvelle conférence de Bretton Woods (voir supplément de cette semaine).

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