BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, investit la Maison Blanche

La campagne pour amener les investisseurs à soutenir le « Green Deal » et la lutte contre le réchauffement climatique a reçu un coup d’accélérateur le mois dernier, avec la publication de la nouvelle stratégie adoptée par le géant mondial de la gestion de fortunes. En résumé, BlackRock compte favoriser les entreprises contribuant à la réduction des émissions de carbone. La firme s’aligne ainsi sur les opinions exprimées depuis longtemps par son PDG Larry Fink, qui était, semble-t-il, parmi les candidats au poste de secrétaire au Trésor (ministre des Finances) du président élu Joe Biden.

Pour rappel, BlackRock est parmi les quelques sociétés les plus influentes du monde. Elle gère près de 8000 milliards de dollars d’actifs, mais n’étant ni une banque d’affaires, ni un hedge fund, elle échappe aux régulations imposées à ces entités. En outre, grâce à ses outils numériques ultra-performants, elle peut suivre les flux financiers mondiaux et détecter des signes avant-coureurs plus vite que ses rivaux. Cela explique pourquoi elle compte parmi ses clients tant de géants de Wall Street, dont Deutsche Bank, Wells Fargo, Apple et Microsoft. Mais pas seulement des entreprises privées. BlackRock a été embauchée l’été dernier par la Banque centrale européenne pour formuler de nouvelles directives relatives à l’intégration de facteurs écologistes dans la supervision bancaire de l’UE. En 2008 déjà, BlackRock avait été choisie par la BCE pour mener les « stress tests » des banques européennes, malgré des conflits d’intérêt flagrants. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale a confié à la firme la gestion de son programme d’achats d’obligations.

En fin de compte, Larry Fink ne fera pas directement partie de l’Administration Biden, apparemment pour éviter l’opposition massive attendue. Mais trois directeurs exécutifs de BlackRock ont déjà été nommés à divers postes, dont Mike Pyle, qui deviendra, selon un article de Sludge du 10 janvier, le nouvel économiste en chef de la vice-présidente Kamala Harris. « Il est, dit l’article, le premier stratège mondial des investissements chez BlackRock et l’un des premiers membres du ‘gouvernement fantôme’ de Fink ». Ce terme de « gouvernement fantôme » se rapporte à l’équipe que Larry Fink avait mise sur pied au printemps 2016, en prévision de sa nomination au poste de secrétaire au Trésor d’une présidence Hillary Clinton. Sous celle d’Obama, Pyle avait travaillé comme adjoint au directeur du Budget Peter Orszag, un fanatique partisan de l’austérité, notamment sur la réforme tant controversée de la santé. En quittant Washington, il rejoignit BlackRock.

Les deux autres heureux élus sont Adewale Adeyemo, un ancien chef de cabinet de Larry Fink à BlackRock, qui sera l’adjoint de la nouvelle secrétaire au Trésor Janet Yellen, et Brian Deese, l’actuel directeur des « investissements durables » dans la firme, qui a été nommé directeur du Conseil économique national de la Maison Blanche de Biden. Deese a joué un rôle important dans la négociation de l’accord de Paris sur le climat de 2015.

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