Au sommet de Paris, les représentants africains se montrent combatifs

Le « Sommet pour un nouveau pacte financier mondial », qui s’est tenu à Paris les 22 et 23 juin, a soulevé plus de controverse que ne l’escomptait son hôte, Emmanuel Macron. Parmi les participants, de nombreux dirigeants d’Europe occidentale, d’Afrique et d’Amérique latine côtoyaient les dirigeants du FMI, de la Banque mondiale, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne (voir AS 26 / 23). Les organisateurs proposaient d’adopter une taxe mondiale d’au moins 1000 milliards de dollars par an, destinée, selon eux, à lutter contre le « changement climatique ».

Les dirigeants africains proposaient des priorités bien différentes. Nombre d’entre eux ont fait remarquer que des promesses de fonds pour développer l’Afrique avaient souvent été faites, mais jamais tenues. C’est le cas des 100 milliards de dollars promis aux pays en voie de développement lors de la COP 15 de Copenhague, en 2009, mais dont ils n’ont jamais vu la couleur, comme l’a souligné le président égyptien al-Sissi. Le président sud-africain Ramaphosa a fait la même observation, tout en proposant que si Emmanuel Macron et les autres veulent vraiment réformer l’architecture financière, ils devraient soutenir la réalisation du projet de barrage d’Inga sur le fleuve Congo, qui produirait suffisamment d’électricité pour une bonne partie des 600 millions d’Africains qui n’en disposent pas à l’heure actuelle.

Le président de la Zambie, Hakainde Hichilema, a déclaré qu’au risque d’offenser le président Macron, « on ne peut pas demander à un pauvre de porter une charge supplémentaire ». Selon lui, les ressources mobilisées « doivent être investies dans la croissance de nos économies ». Il a renchéri en remerciant la Chine pour les fonds de développement qu’elle offrait généreusement à un taux d’intérêt de seulement 1 %.

Son homologue du Kenya, William Ruto, a pour sa part dénoncé les institutions financières internationales qui gardent toujours le contrôle des ressources mobilisées, car « au FMI et à la Banque mondiale, c’est vous qui avez le dernier mot, nous n’avons pas notre mot à dire. Nous voulons une autre organisation d’égaux. »

En marge du sommet, le président brésilien Lula da Silva s’est entretenu avec Cyril Ramaphosa sur les initiatives de paix pour l’Ukraine qu’ils poursuivent tous deux, chacun de son côté, ainsi que sur l’ordre du jour du sommet des BRICS qui se tiendra en août en Afrique du Sud.

Signalons aussi la campagne activement menée par Dilma Rousseff, la présidente de la Nouvelle Banque de développement (la banque des BRICS), en vue d’en renforcer le rôle dans le financement de projets de développement pour les pays moins développés et de contrer l’« hégémonie du dollar ». Dans ce système, pour obtenir un financement, ces pays sont contraints d’accepter « un certain système de valeurs » et on leur dit qu’en cas de refus, ils « seront punis et menacés de mesures telles que la guerre, un coup d’État ou des sanctions ».

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