Au service des Anglo-Américains, Kiev défend sa politique de dénonciation

Le Centre de lutte contre la désinformation (CCD) ukrainien a publié le 14 juillet une liste noire de plus de 70 personnalités étrangères, accusées d’être des « agents de Poutine » et de faire de la « propagande russe ». Les 30 premiers noms de cette liste sont des personnes ayant participé à des conférences de l’Institut Schiller. Malgré la vague d’indignation et de démentis suscitée par ce qui peut être interprété comme des menaces de mort implicites (voir l’article suivant et AS 31/22), le gouvernement ukrainien persiste et signe. Rappelons que le CCD est financé par le département d’Etat américain et des organismes du gouvernement britannique.

Dans un article publié dans la Pravda ukrainienne (29 juillet), le directeur par intérim du Centre, Andriy Shapovalov, s’en prend à ceux qui « diffusent de la rhétorique russe auprès de publics étrangers ». Selon lui, « des orateurs sympathisants du régime de Poutine agissent dans l’intérêt du Kremlin, en répercutant régulièrement dans les médias européens et américains des récits de propagande russe ».

Parmi ceux qui soutiennent ouvertement « les idées du régime de Poutine », Shapovalov cite l’Institut Schiller (IS) et le CF2R français dirigé par Eric Dénécé. Les activités de l’IS, ajoute-t-il, « sont menées dans 50 pays du monde ». Pour justifier ses accusations, Shapovalov attribue à des personnalités de l’IS des propos qu’ils n’ont jamais tenus, tels que « la liberté d’expression n’existe qu’en Russie ».

Par ailleurs, la publication indienne The Print du 30 juillet cite Mikhailo Podolyak, un proche conseiller du président Zelensky, qui évoque les « punitions » que Kiev compte infliger aux personnes figurant sur la liste noire. L’article s’intéresse plus spécialement aux trois Indiens visés : Sam Pitroda, le journaliste Saeed Naqvi et le diplomate P.S. Raghavan (voir aussi ci-dessous).

Selon Kapil Komireddi, l’auteur de l’article, Podolyak lui a dit que le gouvernement Zelensky souhaite que les personnalités figurant sur la liste soient « sanctionnées » par divers pays et traitées comme des « instruments de guerre », que leur influence soit réduite et qu’elles fassent l’objet d’une « lustration militaire » (en clair, d’une purge).

Mentionnons aussi la réaction du président Zelensky au récent rapport d’Amnesty International, dénonçant l’utilisation par les forces armées ukrainiennes de zones civiles, d’écoles et d’hôpitaux pour y installer des unités militaires et des armes lourdes, ce qui constitue des crimes de guerre. (Amnesty accuse, par ailleurs, les forces russes d’en faire autant.) En réponse, Zelensky a déclaré que quiconque porte une accusation quelconque contre l’Ukraine « est lui-même un terroriste et participe aux tueries ».

Tout ceci confirme une fois de plus que le soutien total apporté à Kiev par l’Occident (contrairement aux déclarations officielles) n’a en aucun cas pour but de défendre des forces démocratiques défendant la liberté. Il s’agit plutôt d’utiliser la population ukrainienne comme chair à canon dans la guerre par procuration menée par l’OTAN contre la Russie. Le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, l’a d’ailleurs admis à plusieurs reprises. En même temps, les quantités apparemment infinies d’argent et d’armes envoyées à l’Ukraine servent en fait à soutenir le système financier transatlantique spéculatif et le « complexe militaro-industriel », tout en alimentant le trafic d’armes sur le marché noir international (voir AS 31/22).

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