Allemagne : un nouveau parti de gauche à même de provoquer un choc salutaire ?

Porte-parole reconnue de la gauche allemande, Sahra Wagenknecht a enfin annoncé le 23 octobre la création d’une nouvelle association (« Alliance Sahra Wagenknecht » ou BSW) en prélude à la création, au début de l’année prochaine, d’un nouveau parti doté d’un autre nom. Neuf autres députés nationaux du parti La Gauche l’ont déjà rejointe. Tous les dix resteront dans le groupe parlementaire de ce parti pour quelques mois, mais après leur départ, La Gauche perdra son statut de groupe officiel.

En annonçant sa décision, Mme Wagenknecht a réitéré ses critiques à l’encontre du gouvernement Scholz, le qualifiant de « probablement le pire gouvernement » de l’histoire de la République fédérale, alors que la crise et la guerre sévissent. « Nous avons besoin d’un retour de la raison en politique », a-t-elle déclaré.

S’exprimant, mais sans trop de détails, sur le projet de nouveau parti, elle a déclaré : « Les choses ne doivent pas rester en l’état. Sinon, nous ne reconnaîtrons probablement plus notre pays dans dix ans. » Elle a notamment évoqué l’effondrement de l’économie, le délabrement du système ferroviaire et le faible niveau des pensions de retraite, entre autres. Prenant note des « problèmes dans les écoles, en particulier dans les zones résidentielles les plus pauvres », exacerbés par « l’immigration non régulée », elle s’en est également prise à « l’éco-activisme aveugle et désordonné, qui renchérit la vie des gens mais n’améliore pas du tout le climat ».

Bien que Sahra Wagenknecht ait attaqué la politique des Verts à plusieurs reprises, sa défense du « changement climatique », son opposition à l’énergie nucléaire et son indifférence à l’égard des technologies pionnières sont les points faibles du projet de son parti. En revanche, son opposition aux livraisons d’armes à l’Ukraine et son soutien aux propositions de paix chinoise et brésilienne trouveront un écho dans la population. Le grand tabloïd Bild a publié un sondage d’opinion INSA, montrant que jusqu’à 27 % des électeurs sont favorables au projet de Wagenknecht. Un nouveau parti serait sans doute soutenu par des factions anti-guerre du SPD et des Verts, mais aussi par ceux qui votent AfD (Alternative pour l’Allemagne, classé à l’extrême-droite) par rejet des partis traditionnels.

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