A nouvelle année, nouvelle bulle : le Bitcoin a le vent en poupe

En ce début de 2021, le Bitcoin (une nouvelle « bulle des tulipes ») a battu son record en atteignant un cours de 40 000 dollars le 9 janvier, pour perdre 20 % le jour suivant. L’accroissement des investissements dans la cryptomonnaie spéculative, qui se négocie aujourd’hui à hauteur de 68,3 milliards d’euros par jour, est un symptôme de l’état pathologique sévère du système financier : les liquidités injectées par les banques centrales font grossir la part zombifiée de l’économie, tout en détruisant l’épargne et coupant le crédit au secteur productif.

Voici quelques résultats de la politique monétaire des banques centrales : 1) les actifs comportant un taux d’intérêt négatif ont atteint un niveau record de 18 000 milliards de dollars au niveau mondial ; 2) les liquidités accordées sous prétexte d’aider les gouvernements à se refinancer ont permis de maintenir à flot les mégabanques, mais ces dernières ont coupé les crédit aux entreprises et aux familles, tout en investissant les liquidités dans les bulles boursières et de produits dérivés ; 3) dans le cadre de la pandémie, l’argent économisé par la partie la population a augmenté de 500 milliards d’euros, mais cet argent est resté dans la banque sans se fructifier, ou bien a été investi dans des investissements à haut risque comme le Bitcoin.

Comme les gouvernements et le secteur privé accumulent des volumes de dette sans précédent, et comme aucune reprise économique n’est en vue, continuer dans cette politique monétaire ne fera qu’empirer les choses. Contrairement aux illusions des néo-keynésiens et des partisans de la théorie monétaire, la monétisation d’une dette gouvernementale ne peut durer éternellement – elle générera tôt ou tard de l’hyperinflation. Le nier uniquement parce que l’on se trouve pour le moment dans une spirale déflationniste fait penser à celui qui saute du 100ème étage d’un immeuble et qui crie en arrivant au 90ème étage : « jusqu’ici tout va bien ». Après l’éclatement de la crise de 2008, notre campagne pour une réforme du système financier sur le modèle d’une séparation des banques à la Glass-Steagall avait beaucoup de soutien et un large consensus se formait. Puis les gouvernements ont cédé aux sirènes des banques centrales qui prétendaient savoir comment faire, et se sont contentés d’adopter le « cloisonnement des activités bancaires » ou bien la loi Dodd- Frank aux Etats-Unis. En septembre 2019, le système a à nouveau failli s’écrouler, mais les banques centrales sont inter venues en sauvant le marché repo et en renflouant le système. Entre-temps, la bulle a continué d’enfler.

Actuellement, les banques centrales pensent pouvoir empêcher la fonte du système par deux biais : assurer un contrôle digital du système d’en haut, en éliminant l’intermédiation des banques commerciales et en établissant une monnaie digitale de banque centrale (MDBC) qui remplacerait le dollar comme monnaie de réserve, et décider de la politique fiscale directement à la place des gouvernements. Le résultat serait la création d’une gigantesque « bulle verte » pour sauver le système…

Print Friendly, PDF & Email