A Jackson Hole, les banques centrales ont préparé la contraction économique

Chercher la logique des messages transmis par les deux principales banques centrales du monde, la Réserve fédérale et la Banque centrale européenne, lors de la réunion annuelle des banques centrales qui s’est tenue le week-end dernier à Jackson Hole, dans le Wyoming, serait une perte de temps.

Jerome Powell, de la Fed, et Christine Lagarde, de la BCE, ont tous deux indiqué que les taux d’intérêt élevés allaient persister, quelles qu’en soient les conséquences pour l’économie réelle. L’Américain a néanmoins nié la contraction continue de l’économie américaine en termes de production industrielle et de crédit, peut-être dans l’objectif de poursuivre la guerre financière contre le yuan et les monnaies des pays en développement, et plus largement contre les BRICS.

Si les deux chefs de banque centrale ont déclaré que leur principale préoccupation reste l’inflation, ils ont pris soin de ne pas citer parmi les causes leurs propres politiques monétaires. Pour Mme Lagarde, la situation financière et économique actuelle peut se résumer ainsi : l’inflation est due à des chocs au niveau de l’offre, auxquels les banques centrales ont réagi en réduisant cette offre (via la hausse des taux d’intérêt). Dans le but de sauver la planète, nous mettrons en œuvre des politiques qui se traduiront par bien plus de chocs dans l’offre et d’inflation, et nous réduirons donc plus encore l’offre (par de nouvelles hausses de taux d’intérêt). Et par ailleurs, il faudra débourser beaucoup pour le réarmement.

Le jargon de Lagarde est aussi tordu que son analyse. Pour preuve, voici quelques citations exactes de son discours :

« Le changement climatique s’accélère, nous obligeant à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour décarboner l’économie. »

« Nous assistons déjà aux effets de l’accélération du changement climatique, ce qui se traduira probablement par des chocs d’offre plus fréquents à l’avenir. Selon des estimations, plus de 70 % des entreprises de la zone euro dépendent d’au moins un service écosystémique. »

« La modification du bouquet énergétique mondial est également susceptible d’accroître l’ampleur et la fréquence des chocs sur l’offre d’énergie, le pétrole et le gaz devenant moins élastiques tandis que les énergies renouvelables restent confrontées aux problèmes de l’intermittence et des difficultés de stockage. »

« La relocalisation sur le territoire national ou dans des pays amis impliquent également de nouvelles contraintes d’offre, en particulier si la fragmentation des échanges s’accélère avant la reconstitution de la base d’approvisionnement nationale. Des études de la BCE montrent que, dans un scénario où le commerce mondial se fragmente selon des lignes géopolitiques, les importations en volume pourraient diminuer de 30 % au niveau mondial et ne pas être entièrement compensées par une augmentation des échanges au sein des blocs. »

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