Le colonel Black : rien ne justifie les sanctions

Le colonel (cr.) Richard Black, ancien chef du Département du Droit pénal au Pentagone et ancien sénateur de Virginie, est un adversaire très respecté et critique virulent de la politique américaine de guerre permanente. Il a participé à de nombreuses conférences de l’Institut Schiller (voir AS 12/21, 51/20). Suite à l’appel lancé par Helga Zepp-LaRouche pour arrêter le génocide en Syrie et au Yémen (voir AS 16/21), il s’est entretenu le 23 avril avec le représentant de l’IS, Harley Schlanger, sur la situation en Syrie, qu’il suit intensément depuis 2011.

A l’époque, explique le sénateur Black, il avait été très choqué d’apprendre que la CIA et d’autres forces spéciales améri caines coordonnaient les efforts des terroristes proches d’Al- Qaida qui s’attaquaient au gouvernement syrien. A ce jour, non seulement les Etats-Unis continuent à soutenir les forces djihadistes pour faire tomber Bachar al-Assad, mais ils occupent le nord du pays aux côtés de forces turques.

Cette région, souligne le sénateur Black, « est le grenier à blé de toute la Syrie. La majeure partie du blé destiné à nourrir la nation syrienne y est produite. Nous avons délibérément coupé cet approvisionnement. La majeure partie du pétrole et du gaz naturel y est également produite, et en occupant cette zone, nous avons confisqué le pétrole et le gaz naturel. » Comme cela n’a pas suffi à renverser le pouvoir à Damas, de nouvelles sanctions, dans le cadre du Caesar Act, sont entrées en vigueur l’été dernier, visant toute entité étrangère qui commerce avec ce pays. « Le but de tout cela est de créer la famine et la misère en Syrie, et de l’empêcher de se reconstruire après dix ans d’une guerre que nous leur avons imposée. » Un blocus des fournitures médicales et de santé est également en vigueur depuis de nombreuses années.

A la question de savoir comment mobiliser les gens pour contrer une politique aussi barbare, Richard Black souligna l’importance de leur faire comprendre les effets réels des sanctions. « Je pense que si les Américains comprenaient ce que fait leur gouvernement, ils seraient consternés. » On dit officiellement que seuls les dirigeants du pays concerné sont visés, mais c’est « tout à fait faux ». Les sanctions frappent les citoyens ordinaires, qui découvrent soudain qu’ils n’ont plus les moyens de nourrir leur famille.

« Les sanctions sont des actes foncièrement cruels et malé fiques, sans justification aucune. Si on n’est pas activement en guerre avec une nation – ce qui, je l’espère, n’arrivera pas – il n’y a aucune justification légale pour les sanctions, et certainement aucune justification morale. Elles sont tout simplement l’antithèse du christianisme, et d’autres religions aussi, comme l’islam. Elles sont incompatibles avec toute notion de miséricorde, de bonté et de décence. »

Le sénateur Black a remercié l’Institut Schiller pour la campagne qu’il mène au niveau international en vue de mettre un terme à cette politique abjecte. Ce sera un thème essentiel de la visio-conférence que l’IS tiendra le 8 mai.

Print Friendly, PDF & Email