Ursula von der Leyen pousse l’alternative de l’UE à l’Initiative Ceinture et Route en Afrique

Afin de susciter l’enthousiasme pour la conférence UE-Afrique qui se tiendra cette semaine à Bruxelles (17-18 février), la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, s’est rendue la semaine dernière au Maroc et au Sénégal pour vanter le projet « Global Gateway » de l’Union européenne, dont le but explicite est de concurrencer la grande Initiative de la Chine baptisée « une Ceinture et une Route ».

Ce projet européen, annoncé le 1er décembre 2021, compte mobiliser quelque 300 milliards d’euros d’investissements, tant publics que privés, au cours des cinq ans à venir, la moitié de cette somme étant destinée à l’Afrique. Ces investissements « durables » et « intelligents », selon le site de l’UE, seront toutefois limités aux projets « qui respectent les normes sociales et environnementales les plus élevées, conformément aux valeurs et aux normes de l’UE ». Autrement dit, réservés aux pays et aux entreprises qui adhèrent à l’« ordre fondé sur des règles » transatlantique et à la politique de désindustrialisation au nom du climat.

Le 10 février, Mme von der Leyen a tenu une conférence de presse avec le président sénégalais Macky Sall, qui occupe également la présidence tournante de l’Union africaine pour 2022. En annonçant le programme Afrique-Europe, doté de 150 milliards d’euros, elle a ajouté que Global Gateway était ancré dans « des valeurs auxquelles l’Europe et l’Afrique sont attachées, telles que la transparence, la durabilité, la bonne gouvernance et le souci du bien-être des populations ».

Si elle n’a pas mentionné l’engagement pris par plus de 20 pays (dont les principaux États membres de l’UE), lors de la COP26, de mettre fin au financement des projets de combustibles fossiles à l’étranger, dépourvus de techniques de capture du carbone, d’ici à la fin de 2022, Macky Sall, lui, l’a fait indirectement. Après avoir évoqué du bout des lèvres « la lutte contre le réchauffement climatique », il a défendu l’argument du Sénégal justifiant « la poursuite du financement du gaz naturel afin de soutenir l’industrialisation de l’Afrique et l’accès universel à l’électricité, puisque plus de 600 millions d’Africains sont encore privés d’électricité ». Le Sénégal, selon son Président, attend beaucoup de l’exploitation future des gisements de gaz et de pétrole découverts au large de sa côte Atlantique. Dakar prévoit de produire les premiers barils d’ici la fin 2023 ou en 2024.

D’autres pays africains, dont l’Afrique du Sud, le Nigeria et la République du Congo (Congo Brazzaville), devraient s’opposer fermement au projet de l’UE de contraindre l’Afrique à sacrifier son développement pour réduire les émissions mondiales de CO2, dont elle ne produit qu’une infime partie.

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