« Une nouvelle monnaie des BRICS, est-ce faisable ? »

Voici la question posée par l’économiste brésilien Paulo Nogueira Batista Jr., ancien vice-président de la Nouvelle Banque de développement (2015-17) dans une tribune du CGTN du 21 août. Son analyse va au-delà des spéculations devenues courantes sur la « dédollarisation » et la création éventuelle d’une monnaie des BRICS, pour lier la question à la NBD et à sa capacité d’émettre du crédit productif en quantité.

Toutefois, avant d’aborder cet aspect décisif, il rejette comme irréalisable toute proposition d’une nouvelle monnaie, qui ne la considérerait que comme une unité de compte ou un moyen de paiement limité, et non comme une réserve de valeur ou une émission de crédit. (Rappelons que Lyndon LaRouche, en accord sur ce point avec Alexander Hamilton, le premier secrétaire au Trésor des jeunes États-Unis, a toujours souligné qu’en émettant une monnaie, le gouvernement émet aussi du crédit et accepte d’assumer une dette).

La nouvelle monnaie pourrait s’appeler le R5, dans la mesure où les devises des cinq pays membres des BRICS commencent toutes par la lettre « R » : real, rouble, roupie, renminbi et rand. La seule option viable, selon M. Nogueira, « consisterait à rendre le R5 convertible en obligations garanties par les cinq pays. La banque émettrice du R5 serait également chargée d’émettre des obligations en R5, libellées dans la monnaie des BRICS, avec des échéances et des taux d’intérêt différents. Le R5 serait librement convertible en obligations R5. Adossé à des actifs créés par la banque émettrice elle-même, le R5 serait en fait une monnaie fiduciaire de même nature que le dollar et d’autres monnaies internationales liquides. Les obligations R5 seraient l’expression financière concrète de la garantie donnée par les cinq pays à la nouvelle monnaie. »

Du point de vue de l’histoire des États-Unis, cette idée fait écho à l’émission du billet vert par l’administration d’Abraham Lincoln. Lorsque les obligations d’une telle banque sont achetées, elles deviennent à ce titre des réserves de prêt de cette banque, et pourront être émises sous forme de crédit en vue de générer des « actifs créés par la banque émettrice elle-même ».

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