Tentative d’assassinat de la vice-présidente argentine : la connexion néonazie

Le 1er septembre, devant son domicile à Buenos Aires, la vice-Présidente et ancienne Présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner a fait l’objet d’une tentative d’assassinat. Heureusement, du pistolet Bersa actionné à deux reprises par Fernando Sabag Montiel, aucun coup de feu n’est parti, sinon elle serait morte sur le coup.

Dans son message à la nation, peu après, le président Alberto Fernandez a qualifié l’attentat du pire incident survenu dans le pays depuis le retour de la démocratie en 1983, et a déclaré le lendemain jour férié pour permettre aux citoyens de sortir dans les rues dans « la paix et l’harmonie » en exprimant leur rejet de tels actes de violence. Près d’un million de personnes ont répondu à son appel à Buenos Aires, remplissant l’historique Plaza de Mayo, tandis que des dizaines de milliers d’autres défilaient dans différentes villes du pays. Il s’agit d’une mobilisation de masse sans précédent.

Ce serait toutefois une erreur de voir l’attaque comme une affaire de politique intérieure. Certes, la situation interne est très polarisée. La coalition au pouvoir (Front pour tous) a connu quelques mois turbulents, avec d’importants remaniements et des changements de politique économique afin de maîtriser une inflation incontrôlée et une dangereuse baisse des réserves de change. Malgré ces difficultés, Alberto Fernandez tient à assurer l’adhésion de l’Argentine au groupe des BRICS et à renforcer les alliances avec d’autres nations qui se méfient de l’« ordre fondé sur les règles ».

Sur le plan personnel, Cristina Kirchner, une dirigeante politique très courageuse, s’est trouvée au centre d’une tempête politique ces deux dernières semaines, après qu’un procureur fédéral a requis contre elle une peine de prison de 12 ans, assortie d’inéligibilité à vie, dans une affaire de corruption fabriquée de toutes pièces. Les médias et l’opposition politique de droite contrôlée par l’ancien président Mauricio Macri, un néolibéral, entretiennent un climat d’hostilité et de haine autour de l’ancienne Présidente.

Malgré cette situation politique tendue, il ressort des enquêtes préliminaires sur la tentative d’assassinat qu’il ne s’agit pas d’une affaire locale, mais plutôt d’un schéma similaire à celui observé lors de la fusillade de masse à Buffalo, dans l’État de New York, en mai dernier, du massacre dans une mosquée de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en mars 2019, et de bien d’autres cas où les auteurs étaient des admirateurs néonazis du bataillon Azov, en Ukraine. Sabag Montiel, né au Brésil mais naturalisé argentin, était tatoué de symboles nazis, le Soleil noir et la croix gammée adoptés par le bataillon Azov, ainsi que la croix de fer allemande. Sur sa page Facebook, il « likait » plusieurs groupes néonazis et occultes, et ses amis le décrivaient comme quelqu’un au comportement erratique et fanatique de musique « death metal ».

La police enquête sur la possibilité que la tentative d’assassinat de Mme Kirchner ne soit pas le fait d’un « assassin solitaire », mais qu’elle ait été planifiée par un petit groupe de sympathisants nazis.

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