Réarmement dans l’UE, ou continuation du Great Reset par d’autres moyens

Dans le contexte de la menace russe pesant sur l’ensemble du monde occidental, les pays membres de l’OTAN ont annoncé d’importantes hausses de leurs dépenses militaires pour cette année. En tête, l’Allemagne, qui compte débourser deux fois plus que son budget annuel de la défense, soit 100 milliards d’euros supplémentaires, tandis que le gouvernement italien augmentera de 50 %, soit 12 milliards d’euros, ses dépenses militaires. En tout, les alliés européens de l’Amérique devraient consacrer environ 300 milliards d’euros de plus à la défense.

C’est une somme impressionnante. Reste à savoir qui en bénéficiera et quand ? En Allemagne, par exemple, l’équipement militaire est dans un état de délabrement assez avancé à cause du manque d’investissements. Et il faudra des années avant de pouvoir développer et tester de nouveaux armements. La situation est similaire dans d’autres pays européens. Par conséquent, s’ils veulent de nouveaux équipements à court terme, ils devront sans doute les acheter aux Etats-Unis, comme c’est déjà le cas pour les F-35 que Berlin veut commander. Et c’est le fameux complexe militaro- financier-industriel américain qui en profitera. Ces sommes gonfleront donc la bulle des investissements improductifs, tout en transférant les fameux « trillions » vers le Green Deal.

C’est vrai aussi pour l’UE où l’on envisage d’inclure les dépenses militaires dans la taxonomie d’investissements jugés « bons pour l’environnement ». Pour citer un article du 13 mars sur Bloomberg News : « La guerre de la Russie contre l’Ukraine a donné naissance à une idée autrefois impensable : l’industrie de la défense — longtemps boudée par les investisseurs durables — est présentée par certains comme un outil de préservation de la démocratie. SEB AB, l’une des plus grandes banques suédoises et pionnière dans le domaine des obligations vertes, a récemment annoncé une mise à jour de sa politique d’investissement durable pour faire place aux armes. Et Commerzbank AG a déclaré que ses portes étaient grandes ouvertes aux fabricants d’armes allemands… »

Les lobbyistes de l’industrie de l’armement, précise l’article, tentent de convaincre les décideurs politiques de l’UE d’inclure les armes dans la taxonomie sociale, et « il y a des signes que certains décideurs de l’UE prêtent l’oreille ».

En même temps, on annonce aux populations européennes des coupes claires dans leur niveau de vie, sous le prétexte cynique de « s’en sortir avec moins pour protéger la liberté et la démocratie ». Et le vilain mot « rationnement » se fait à nouveau entendre en Europe. En Italie, le Premier ministre et ancien président de la BCE, Mario Draghi, a déclaré sans détours le 18 mars que « si la situation empire, nous devrons entrer dans une logique de rationnement ».

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