Moscou prend des mesures concrètes pour protéger son économie

Face à l’écrasant paquet de sanctions imposé à la Russie par les puissances occidentales, le gouvernement russe a annoncé le 10 mars une série de mesures destinées à défendre l’économie nationale, entre autres :

• Toute société étrangère quittant le pays sans raison valable sera reprise en main par une direction « externe », c’est-à-dire russe.
• Les sorties de capitaux étrangers hors du pays seront « strictement contrôlées » au moyen de contrôles de capitaux et de change.
• La dette externe sera réglée en roubles, et non plus en dollars ou en euros. La conversion s’effectuera « par le dégel de nos réserves d’or et de devises », selon le ministre des Finances, Anton Siluanov. Il précisa par la suite que les créanciers étrangers ne pourront reconvertir leurs roubles en dollars ou en euros qu’à partir des fonds de la Banque centrale russe actuellement gelés à l’étranger – lorsque les puissances occidentales décideront de les dégeler. La conversion devra se faire au taux officiel du rouble, qui a été dévalué de quelque 40 % par rapport à son niveau d’avant la crise.
• Conformément à l’application de la « remise obligatoire des recettes en devises », toutes les recettes d’exportation seront déposées à la banque centrale.
• Diverses mesures seront prises pour défendre l’économie réelle, dont l’octroi au secteur agricole d’un moratoire de six mois sur le paiement du service de la dette, avec reconduction des prêts existants.

Pour sortir de cette guerre économique et financière, l’économiste russe et ancien conseiller présidentiel Sergei Glaziev a donné une perspective intéressante dans une interview disponible sur youtube. Il voit un nouvel ordre économique mondial émerger à la place du système centré sur les Etats-Unis, en plein effondrement. Selon lui, la Russie et d’autres pays doivent comprendre que le système du dollar, devenu toxique, a perdu toute crédibilité et qu’il faut donc en sortir.

Par ailleurs, il se dit optimiste à l’idée qu’il n’y a aucune limite à la croissance économique de la Russie. A condition d’adopter les bonnes politiques macroéconomiques, elle pourrait atteindre 10 % par an. Et comme les sanctions occidentales ne touchent qu’environ 10 % de la consommation russe, leur effet sera limité. Concernant la « transition énergétique », selon Glaziev, les vrais climatologues se moquent de cette idée, l’impact de l’homme sur le climat étant peut-être de 5 % alors que l’activité solaire en représente 90 %. En conclusion, il note que si la Russie parvient à créer une large coalition internationale avec la Chine et l’Inde, la puissance américaine sera balayée.