Macron avec les lobbyistes de la Big Tech et les affairistes d’Obama, contre le droit du travail

Le 10 juillet, Le Monde et 40 autres grands journaux qui font partie du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), ont publié « Les Uber Files », des révélations tirées de 124 000 e-mails et documents privés divulgués par l’ancien lobbyiste et responsable d’Uber, Mark MacGann, au quotidien britannique The Guardian.

L’affaire impliquant Emmanuel Macron, lorsqu’il était ministre de l’Économie de François Hollande (2014-2016), a fait l’effet d’une bombe en France. Macron est accusé d’avoir secrètement aidé Uber malgré la grande hostilité contre la plateforme du Président, du Premier ministre et des ministères de l’Économie et du Travail. Pire, Macron a en fait coaché l’entreprise sur la manière de combattre la loi Thévenoud, adoptée le 1er octobre 2014, qui interdisait l’application UberPop. En permettant à toute personne possédant un permis de conduire ordinaire, sans formation professionnelle, d’obtenir un emploi chez Uber, Uberpop a dérégulé la profession de chauffeur de taxi ! Lancée trois ans plus tôt, cette pratique avait entraîné une quasi-guerre civile entre Uber et les chauffeurs de taxi professionnels et réglementés.

Le Monde rapporte que le 1er octobre 2014, Macron a rencontré quatre chefs d’Uber dont Mark MacGann, lobbyiste en chef pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient ; David Plouffe, ancien conseiller de Barack Obama, nouvellement nommé vice-président d’Uber ; et le fondateur et PDG de l’entreprise lui-même, Travis Kalanick. Lors de 17 réunions ultérieures, Macron s’est assuré que la plateforme remporterait son pari, faisant pression sur la direction nationale de la répression des fraudes (DGCCRF), chargée d’enquêter sur le modèle Uber, pour qu’elle refroidisse ses ardeurs. Plus tard, la pression a été exercée sur le préfet de Marseille, qui avait interdit à Uber d’exploiter des véhicules dans tout le département. Trois jours après une intervention de Macron, l’interdiction a été remplacée par de simples contrôles…

Le 12 juillet, lors d’une interview avec deux journalistes qui ont confronté Macron à ces faits, ce dernier a déclaré avec fierté qu’il le referait s’il le fallait, affirmant que l’ouverture du marché des taxis avait permis la création de nombreux emplois pour des travailleurs non qualifiés dans les banlieues. Cependant, dès sa prise de fonction en tant que président en 2017, prétend-il, il a engagé la régulation des plateformes numériques.

La réalité cependant, en France comme dans toute l’Europe, est que les législateurs tentent toujours de faire face à la catastrophe humaine créée par Uber. Les chauffeurs ne sont pas embauchés par la plateforme Uber, qui prétend n’être qu’un fournisseur de service pour communiquer entre acteurs indépendants. De ce fait, ils n’ont pas droit aux congés payés, à la retraite, à l’assurance maladie, etc. De plus, c’est la plateforme et ses algorithmes qui décident des tarifs pratiqués et des conditions générales de travail.

Quant au salaire, on est loin du rêve de pouvoir s’enrichir : en 2019 le chauffeur Uber a gagné 24,81 euros brut de l’heure. Mais après avoir payé une commission de 25 % à la plateforme, les frais de service, la TVA et les charges sociales, il ne lui restait que 9,15 euros nets. S’il travaille 45 heures par semaine, son revenu net moyen ne dépassera pas 1617 euros.

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