Le président Biden prépare la guerre permanente

Lors de son allocution télévisée nationale du 19 octobre, le président Biden a plaidé en faveur de moyens accrus pour les guerres visant à défendre la « démocratie ». C’était peu après son retour d’Israël, où il avait apporté son soutien au Premier ministre israélien Netanyahou et rencontré son cabinet de guerre.

La stratégie adoptée par Biden consiste à lier le financement de l’Ukraine avec l’aide à Israël, ce qui est effectivement prévu dans le budget supplémentaire qu’il a adressé le lendemain au Congrès. Sa proposition arrive alors que le budget initial de 113 milliards de dollars alloué en 2022 à la guerre en Ukraine est presque épuisé, que l’aide à Kiev est contestée au Congrès, en particulier par les Républicains conservateurs, et que les derniers sondages indiquent que 56 % des Américains s’opposent à tout financement supplémentaire.

Dans son discours à la nation, Joe Biden a donc fait le lien entre la guerre en Ukraine et le soutien apporté à Israël pour combattre le Hamas. Il espère ainsi obtenir l’accord de ceux qui soutiennent pleinement Netanyahou, pour diverses raisons, mais s’opposent au régime corrompu de Kiev. « Le Hamas et Poutine représentent des menaces différentes, a-t-il dit, mais ils ont ceci en commun : ils veulent tous deux complètement anéantir une démocratie voisine. » Avant d’ajouter des propos que personne, hormis les Américains naïfs, ne peut prendre au sérieux : « Le leadership américain assure la cohésion du monde. Ce sont les valeurs américaines qui font de nous un partenaire avec lequel d’autres nations veulent travailler. Risquer tout cela en délaissant l’Ukraine, en tournant le dos à Israël, n’en vaut tout simplement pas la peine. »

Pour faire aboutir sa stratégie, le président Biden sollicite un nouveau crédit extraordinaire de 105 milliards de dollars, dont 10,8 milliards pour Israël (en plus de l’aide annuelle de 3,8 milliards), et plus de 60 milliards pour l’Ukraine, ainsi qu’un financement accru pour la région Asie-Pacifique afin de contrer la Chine. La proposition a été applaudie des deux mains par les faucons du Parti démocrate, dont le chef de la majorité au Sénat Chuck Schumer.

En coulisses, les partisans de la guerre permanente s’affairent pour étendre le conflit à l’Iran. C’est le cas notamment de Frederick Kempe, le directeur général de l’Atlantic Council. L’objectif déclaré des faucons républicains est d’assurer que les « questions de sécurité » déterminent le choix du candidat républicain à la présidence en 2024, dans l’espoir d’écarter Donald Trump et ses supporters, qui tendent à s’opposer aux guerres à l’étranger. Or, Trump lui-même vient de soutenir « à 100 % » la stratégie de guerre de Netanyahou, ce qui lui enlève toute crédibilité en tant qu’adversaire du deep state.

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