Le « Green Deal » de Bruxelles achèvera l’industrie automobile

Conscients que les mesures imposées par la Commission européenne au nom du climat scelleront leur sort et celui de leurs clients, les constructeurs automobiles européens donnent de la voix. C’est le cas de Carlos Tavares, le PDG de Stellantis, un cartel de constructeurs fondé il y a un an qui produit 14 marques, dont Chrysler, Citroën, Dodge, Fiat, Opel et Peugeot. Dans une interview publiée le 18 janvier par Les Echos (France), Handelsblatt (Allemagne), Corriere della Sera (Italie) et El Mundo (Espagne), Tavares exprime ses doutes sur la décision de l’UE de bannir d’ici 2035 la vente de véhicules à moteur à combustion. Décarboner l’industrie automobile en tout misant sur le « tout électrique » comporte, selon lui, de graves risques sociaux, puisque cela augmentera de 50 % le prix d’achat d’un véhicule. Et ce n’est pas même bon pour l’environnement, estime-t-il.

Lors d’une conférence de REUTERS NEXT le 21 décembre dernier, le PDG de Stellantis avait déjà fait connaître ses critiques : « Ce qui a été décidé, c’est d’imposer à l’industrie automobile une électrification qui impose 50 % de coûts additionnels à un véhicule conventionnel. Il nous est impossible de répercuter 50 % de coûts additionnels sur le consommateur final, parce que la majeure partie de la classe moyenne ne pourra pas payer. » En effet, en plus du sort des constructeurs, de nombreux syndicats dénoncent l’augmentation massive du chômage qui en résultera.

Dans sa récente interview, Carlos Tavares attaque implicitement les motifs idéologiques de la fuite en avant de Bruxelles : « Il est clair que l’électrification est la technologie choisie par les politiques, et non par l’industrie. » Il faut prendre en compte l’ensemble du cycle de vie des voitures électriques, plaide-t-il. « Avec le mix énergétique européen, un véhicule électrique doit rouler 70 000 km pour compenser la mauvaise empreinte carbone de fabrication de la batterie et commencer à creuser l’écart avec un véhicule hybride léger », souligne-t-il. En outre, «un véhicule hybride léger coûte moitié moins qu’un véhicule électrique ».

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